Dernière mise à jour à 08h43 le 17/03
La Chine peut atteindre son objectif de croissance économique de 6,5% à 7% cette année en renforçant ses réformes structurelles, selon des experts américains.
"Actuellement, viser une fourchette est plus logique pour la Chine, car son économie est plus volumineuse et plus complexe qu'elle ne l'était auparavant", a estimé Ann Lee, professeur de finances et d'économie à l'Université de New York, dans une interview accordée récemment à Xinhua.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé cet objectif dans le rapport de travail du gouvernement présenté le 5 mars lors de la réunion d'ouverture de la quatrième session de la 12e Assemblée populaire nationale (APN, Parlement chinois).
La Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), organe consultatif politique suprême du pays, a également tenu sa session annuelle en même temps que l'APN.
Cet objectif de croissance s'aligne sur l'ambition de la Chine de construire une société modérément prospère à tous les égards, et tient compte de la nécessité de renforcer les réformes structurelles, a expliqué M. Li.
C'est également la première fois depuis deux décennies que la Chine fixe une fourchette plutôt qu'un chiffre précis pour son objectif de croissance.
Soumise à une pression à la baisse notable dans un contexte de révision structurelle, l'économie chinoise a connu en 2015 une croissance de 6,9% en glissement annuel, son niveau le plus bas depuis 20 ans, qui reste toutefois un taux enviable pour la plupart des économies du monde.
"Il est parfaitement naturel pour une économie de la taille de la Chine de voir ses taux de croissance diminuer", a estimé Brendan Ahern, directeur exécutif du cabinet de conseil financier américain Krane Shares.
"La valeur du PIB chinois a atteint un taux record en 2015 et fera de même en 2016", a-t-il indiqué à Xinhua.
Selon le Bureau national des statistiques de Chine, la consommation a représenté 66,4% de la croissance du PIB du pays en 2015, le taux le plus élevé depuis 2001, tandis que l'industrie des services a contribué à 50,5% du PIB, soit 10% de plus que l'industrie manufacturière.
Ces chiffres montrent que la transformation économique de la Chine est rapide. La deuxième plus grande économie au monde est en train de passer d'une économie reposant sur les industries manufacturières à forte intensité de main-d'œuvre axées sur l'exportation à une économie fondée sur l'innovation, le secteur des services et la consommation privée.
Ann Lee a estimé que les objectifs de croissance fixés cette année étaient réalisables, car les décideurs chinois disposent encore de nombreux leviers monétaires et budgétaires, et les "efforts de réforme continus [de la Chine] peuvent également être une grande source d'emplois et de croissance".
Dans le rapport de travail du gouvernement, le Premier ministre Li Keqiang a réaffirmé l'importance de la réforme structurelle de l'offre, une notion populaire proposée par les décideurs chinois en novembre dernier comme le dernier remède en date pour remédier aux maux économiques engendrés par des années de croissance vertigineuse.
La réforme structurelle de l'offre doit se concentrer sur la réduction de l'offre inefficace et de faible valeur, et renforcer la productivité en élargissant l'offre de valeur moyenne à élevée.
"La réforme de l'offre a mis l'accent sur les secteurs économiques les plus touchés par la faiblesse de la reprise économique mondiale tel que l'acier, le charbon et l'aluminium", a indiqué M. Ahern.
"Ces secteurs sont actuellement confrontés à une surcapacité, mais c'est une bonne chose de voir que le problème a été identifié et qu'un plan a été mis en œuvre pour y faire face", a-t-il ajouté.
Outre la résolution du problème de la surcapacité des industries traditionnelles, les responsables chinois ont également souligné l'importance de soutenir l'innovation et l'esprit d'entreprise dans le rapport du gouvernement.
Michael Spence, lauréat du prix Nobel de sciences économiques de 2001, a écrit dans un article publié le 1er mars par le Conseil des relations étrangères que "les entreprises privées fortement innovantes et dynamiques stimulent la croissance en Chine [...] Ces innovations se produisent dans un large éventail de domaines, de la biotechnologie aux énergies renouvelables".
"La réalité est que la transition de la Chine vers une économie plus innovatrice et axée sur la consommation est en bonne voie", a écrit M. Spence, qui est aussi chercheur à l'Institut Hoover de l'Université de Stanford.
"Le combat actuel contre la volatilité économique de la Chine est susceptible de se poursuivre [...] Ajoutez à cela l'utilisation intelligente des ressources de l'Etat et des réformes solides, et la Chine devrait être en mesure de réaliser une croissance à long terme modérée, mais durable," a-t-il estimé.