Dernière mise à jour à 13h57 le 30/03
Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la Banque populaire de Chine a annoncé vendredi que la Chine détient actuellement les plus grandes réserves de devises du monde, beaucoup plus que le deuxième pays dans ce domaine, mais il a souligné, répondant aux préoccupations de l’étranger lors d'une conférence de presse organisée en marge de la session législative annuelle en cours, que la Chine n’a pas besoin de réagir de façon excessive face à ces immenses réserves lorsqu’elle formule des politiques.
Les dernières données publiées mardi par l'Administration d'État chinoise des changes (SAFE) ont montré que les colossales réserves de change de la Chine s'élevaient à 3 000 milliards de dollars à la fin de février, en hausse de 6,9 milliards de dollars par rapport au mois précédent. Cette légère hausse a par ailleurs également mis fin à une baisse de sept mois.
« La Chine ne cherche pas à tout prix à posséder de telles réserves de devises », a souligné le gouverneur, ajoutant que ces réserves comprenaient également une certaine quantité de capitaux spéculatifs non nécessaires.
Il a expliqué que les réserves chinoises de devises étrangères ont connu un rapide essor depuis 2002, et certaines frictions internationales ont été provoquées à cause de cette tendance.
Après la crise financière mondiale, a-t-il précisé par ailleurs, les flux de capitaux des pays développés adoptant des mesures d'assouplissement quantitatif vers les marchés émergents ont fortement augmenté.
Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que la quantité de liquidités créée par les pays développés était d'environ 4 200 milliards de dollars, a ajouté le gouverneur, ajoutant qu'au moins un tiers de ces fonds provenaient de la Chine.
D’après M. Zhou, avec la reprise économique que connaissent certains pays développés, cet afflux de capitaux avec moins de stabilité leur reviendra.
« Donc, la tendance à la baisse des réserves de change de la Chine est un phénomène normal », a conclu le gouverneur.
Yi Gang, gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine, a de son côté déclaré que le Yuan figure maintenant parmi les groupes de premier rang des monnaies internationales après avoir été inclus dans le panier de devises du DTS l'année dernière.
« Dans ce contexte, nous pouvons envisager à nouveau comment optimiser le niveau des reserves de devises », a-t-il ajouté.
Pan Gongsheng, un autre vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, a déclaré lors de la même conférence de presse que certains changements structurels se sont produits chez les détenteurs d'actifs, mais vers une meilleure direction.
« Il y a plusieurs années, environ 70 à 80% des réserves étaient détenues par des organismes gouvernementaux, tandis qu'à la fin de l'année dernière, environ 50% d'entre elles étaient gérées par des organismes gouvernementaux et 50% par des entités du marché », a dit M. Pan, qui est également responsable de SAFE.
« La croissance moyenne à haute vitesse maintenue par l'économie chinoise fournit une base stable pour le futur marché des changes », a-t-il souligné par ailleurs.
Tommy Xie, économiste à la société Oversea-Chinese Banking Corp. basée à Singapour, est quant à lui optimiste au sujet d’un taux de change globalement stable du Yuan.
Il a déclaré dans une interview accordée au Quotidien du Peuple que si la hausse des taux d'intérêt de la Reserve Fédérale américaine prévue en mars a lieu, cela représentera une plus grande pression à l'amortissement sur le Yuan à court terme.
Mais l'analyste a souligné en même temps que la confiance apportée par une économie stable et la hausse inattendue des réserves de change permettra d'atténuer sensiblement la pression à la sortie de capitaux et que la pression à la dévaluation sera donc sous contrôle.
(Par Ji Peijuan, journaliste au Quotidien du Peuple)