Dernière mise à jour à 11h20 le 29/03
L'organisme national chinois chargé de la protection du patrimoine historique s'est engagé à répondre à l'appel à l'établissement de « refuges sûrs » pour les biens culturels se trouvant dans des régions en conflit.
« Le développement d'un réseau de refuges permettra à la Chine d'offrir un asile temporaire au patrimoine culturel en voie de disparition », a déclaré Liu Yuzhu, directeur de l'Administration nationale du patrimoine culturel, lors d'un séminaire à Beijing, ajoutant que « Les musées nationaux et les institutions de conservation sont encouragés à soutenir les actions internationales de protection de ces artefacts ».
La Chine a commencé à envisager de prendre des mesures lorsque Liu Yuzhu a assisté en décembre à une conférence internationale à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, sur la sauvegarde des éléments du patrimoine culturel en voie de disparition.
M. Liu a également encouragé les entreprises chinoises à donner davantage aux fondations internationales impliquées dans la protection du patrimoine culturel.
La Chine, a-t-il dit, va étendre ses efforts de conservation du patrimoine culturel au-delà des frontières de la nation et donc mieux servir la diplomatie mondiale de la Chine. Cependant, le calendrier de ces efforts n'a pas été publié, et l'institution chargée de la superviser n'a pas encore été désignée.
Selon Pan Shouyong, professeur de muséologie à l'Université Minzu de Chine à Beijing, ce genre de réseau a d'abord été préconisé par l'UNESCO pour faire face à la mise en danger des vestiges culturels du fait des guerres et autres menaces ces dernières années.
« Aider les artefacts en danger est une responsabilité internationale », a déclaré M. Pan. « Maintenant, il est clair que la Chine acceptera cette responsabilité ».
Huo Zhengxin, professeur de droit international à l'Université chinoise de science politique et de droit, a pour sa part souligné qu'il y avait plusieurs exemples réussis de ce type de protection en Europe, bien que le concept de « refuge sûr » soit relativement nouveau.
Par exemple, lorsque le groupe des Talibans a gouverné l'Afghanistan, de nombreux vestiges culturels ont été secrètement transportés vers un musée en Suisse et y ont été temporairement hébergés jusqu'en 2006, quand ils ont été ramenées au Musée national d'Afghanistan à Kaboul.
En outre, le British Museum a naguère soutenu le maintien des opérations des musées irakiens lorsque le système de gestion du patrimoine culturel du pays a été paralysé pendant la guerre en Irak en 2003.
Selon M. Huo, une convention internationale signée à La Haye en 1954 stipule que les biens culturels temporairement stockés dans d'autres pays en raison d'un conflit doivent être restitués après le conflit.
« La Chine possède un environnement politique et économique stable, ce qui est un avantage pour avoir de tels refuges », a-t-il déclaré. « La Chine possède également une expertise et une technologie de pointe dans les domaines concernés ».
De son côté, M. Liu a indiqué que la Chine dirige des projets archéologiques conjoints transfrontaliers dans 15 pays. Les principaux projets de restauration menés par la Chine dans des sites comme le temple de Ta Keo à Angkor Wat, au Cambodge, et la tour Bhimsen à Katmandou, au Népal, ont fourni beaucoup d'expérience sur les efforts de conservation des reliques culturelles à l'étranger.
« Bien que la coopération internationale sur les reliques culturelles ait généralement une échelle et des investissements plus réduits par rapport à d'autres types de projets, son influence est beaucoup plus grande », a pour sa part déclaré Chai Xiaoming, directeur de l'Académie chinoise du patrimoine culturel, qui est en charge des projets.
« Ces vestiges représentent l'histoire et les émotions profondes des gens », a-t-il souligné.
Toutefois, M. Huo a déclaré que des règles et les lois plus complètes sont nécessaires pour soutenir l'effort de mise en place des refuges pour les vestiges culturels.