Dernière mise à jour à 17h17 le 28/11
Un nombre croissant de pays européens adoptent une approche impartiale quant à l'utilisation des technologies de Huawei Technologies Co dans le déploiement de leur réseau 5G, malgré les efforts du gouvernement américain pour les persuader d'interdire l'entreprise chinoise.
Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre français de l'Économie et des Finances, a récemment déclaré dans un entretien avec les médias locaux que la France ne suivrait pas les États-Unis dans l'exclusion de Huawei de son réseau 5G de prochaine génération.
Le 24 novembre, le ministre allemand de l'Économie, Peter Altmaier, a également défendu lors d'un débat la décision de ne pas interdire à Huawei de participer au réseau allemand 5G. Selon M. Altmaier, « Les États-Unis exigent également que leurs sociétés fournissent certaines informations nécessaires à la lutte contre le terrorisme. Nous ne les avons pas boycottées », a-t-il déclaré en commentant les prétendus risques de cybersécurité associés aux équipements de télécommunication de Huawei. L'ambassadeur des États-Unis en Allemagne s'est plaint de cette comparaison, affirmant qu'il n'existait pas d'équivalence morale entre la Chine et son pays.
En réponse à ce commentaire, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a noté que certains politiciens et responsables américains s'acharnaient à attaquer et discréditer la Chine, estimant que leur piètre spectacle révélait pleinement leurs intentions sinistres et leurs tentatives politiques indicibles.
L'Allemagne a annoncé en octobre qu'elle n'écarterait aucun acteur du secteur des télécommunications, y compris Huawei, dans la construction de son réseau 5G. Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a rappelé en ce sens lors d'une conférence de presse tenue plus tôt cette année que « nous ne prenons aucune décision préventive visant à interdire tout acteur ou société ».
Cette attitude objective à l'égard de Huawei s'est manifestée alors que le monde se trouve à un tournant décisif pour le déploiement à grande échelle d'un réseau 5G. Selon l'association mondiale des télécommunications GSMA, il y aura 60 réseaux commerciaux 5G d'ici la fin de l'année, contre 40 réseaux commerciaux 5G dans plus de 20 pays et régions à la date du mois d'octobre.
Selon Si Han, président de GSMA Greater China, des mesures plus énergiques seront prises dans le monde entier pour accélérer le déploiement de la technologie sans fil de nouvelle génération.
L'Europe, considérée par Ren Zhengfei, fondateur de Huawei, comme la deuxième maison de la société, verra également plus de réseaux commerciaux 5G fonctionner en 2020. En tant que plus grand marché de l'entreprise à l'étranger, l'Europe compte de nombreux opérateurs de télécommunications qui achètent les produits Huawei. Mais, dans le même temps, la plupart des alliés du gouvernement américain se trouvent en Europe et Washington intensifie ses pressions pour les dissuader d'inclure Huawei dans leurs plans 5G.
Une situation aussi complexe braque tous les regards sur l'Europe pour voir comment elle agira au sujet de la 5G malgré les incertitudes.
Bai Ming, chercheur principal à l'Académie chinoise de commerce international et de coopération économique, estime que certains pays étrangers peuvent douter ou se méfier des technologies chinoises du simple fait qu'elles viennent de Chine, mais, a-t-il dit, mélanger la politique avec une coopération commerciale normale ne fera que retarder le déploiement de la technologie sans fil ultra-rapide dans le monde.