Dernière mise à jour à 17h01 le 09/12
Selon une récente liste d'emplois publiée par le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, il y a une grave pénurie de main-d'œuvre disponible pour certains postes dans les secteurs des services et de la fabrication en Chine.
Le ministère a publié pour la première fois une liste de 100 professions où la demande est importante. D'après le ministère, les emplois de la vente, les caissiers, les serveurs de restaurant, les gardiens de sécurité et les employés des services pénitentiaires figurent en tête de liste des postes en manque de main d'œuvre, suivis des professionnels de la fabrication, notamment les opérateurs de tours, les soudeurs et les porteurs.
Par ailleurs, le Bureau national des statistiques a publié en juin dernier un rapport montrant que la croissance de la population des travailleurs migrants avait ralenti l'année dernière pour la première fois depuis 2015. Il y avait 288,3 millions de travailleurs migrants en 2018, indiquant une croissance plus lente, de 0,6 point de pourcentage d'une année sur l'autre.
« Habituellement, nous pensons que les secteurs étroitement liés à la haute technologie, avec un besoin de main-d'œuvre qualifiée, sont confrontés à la situation la plus difficile », a commenté Yin Baoming, chercheur à l'Académie chinoise du travail et de la sécurité sociale. « Mais c'est la même chose pour les emplois nécessitant des compétences relativement faibles. Ils sont tout aussi essentiels ».
Selon M. Yin, les 100 catégories professionnelles ayant la plus forte demande -dont 42 dans le secteur des services et 36 dans l'industrie manufacturière- montrent que les gens recherchent de plus en plus des emplois de service de haute qualité et de meilleurs environnements de travail.
Chen Lixiang, directeur adjoint de l'Institut chinois de recherche sur l'occupation à la Peking University, a déclaré que cette situation tire son origine de la psychologie sociale que les parents -en particulier ceux qui ont été ou continuent d'être des travailleurs migrants- ne veulent pas que leurs enfants occupent des emplois qui nécessitent de la force physique mais de faibles compétences. « La jeune génération elle-même montre également une réticence à occuper à de tels postes », a-t-il souligné.
L'Institut de recherche en recrutement 58 Tongcheng, une division de 58.com, un site Internet d'annonces en ligne, a déclaré dans un nouveau rapport que le stéréotype des gens sur les postes peu qualifiés et les exigences plus élevées des employeurs pourrait aussi aider à expliquer la pénurie de main-d'œuvre.
Les gens pensent généralement que les employés peu qualifiés tels que les caissiers ou les vendeurs travaillent dans de mauvaises conditions avec de bas salaires. Et, selon le rapport, cela dissuade les gens de chercher de tels postes. De plus, a-t-il ajouté, le faible prestige qui accompagne ces postes décourage également les demandeurs d'emploi.
De plus, les demandes croissantes des entreprises pour plus de compétences et leur pression pour des niveaux de qualité de service plus élevés conduisent à des déséquilibres entre l'offre de main-d'œuvre et la demande de recrutement, aboutissant à une pénurie de main-d'œuvre dans certaines professions car de nombreuses personnes ne sont pas qualifiées. « Prenez les matrones de maternité, par exemple », indique le rapport. « Les emplois sont généralement occupés par des femmes âgées ayant un faible niveau d'éducation et de faibles compétences professionnelles. Cependant, la demande croissante des employeurs pour des employées de qualité s'intensifie ».
Certains emplois récemment émergents, tels que les livreurs de nourriture et les chauffeurs Didi, ont également changé le paysage du marché du travail et entraîné des pénuries de main-d'œuvre dans certains domaines traditionnels.
Lin Qing, 23 ans, originaire de la province du Jiangsu (est de la Chine), qui travaillait comme réceptionniste pour un cybercafé à Beijing, a démissionné l'année dernière et étudie actuellement pour passer un test d'entrée dans un collège professionnel. « Avoir travaillé pour le cybercafé pendant près de trois ans, je n'en pouvais plus », a-t-elle déclaré. « Je ne suis pas allée au lycée comme mes camarades, ni au collège ou à l'université. J'ai travaillé dans des restaurants et des cafés, mais aucun de ces emplois ne m'a apporté le respect ou le sens de la dignité. Je veux acquérir des compétences grâce à des cours de formation. Je ne veux plus vivre une vie de dur travail physique ».
Selon Chen Lixiang, le directeur adjoint de l'institut, il est important d'améliorer l'environnement de travail et les salaires pour attirer plus d'employés, et également leur proposer des cours de formation pour les aider à améliorer leurs compétences.
Il reste positif sur la situation actuelle du travail. « Il a existé ce phénomène selon lequel les gens hésitent à occuper des postes tels qu'agents de sécurité ou dans une fabrication peu qualifiée- mais le gouvernement et les entreprises font des efforts pour promouvoir la formation professionnelle, ce qui contribuera à atténuer le problème », a-t-il affirmé.