Récemment, la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du Groupe des 20 (G20) s'est achevée à Moscou. Face à la faiblesse de la croissance économique mondiale, les décideurs du G20 ont dégagé un consensus, dont l'objectif est « de réduire la dette des gouvernements » pour stimuler la « croissance économique ». En conséquence, de nombreux pays ont recommencé à parler de la Chine comme une « locomotive » de la croissance.
Depuis quelque temps, la croissance économique de la Chine ralentit, de sorte que de nombreux pays européens se sentent inquiets. Ils ont même proposé que la Chine adopte des mesures de relance agressives pour améliorer sa croissance économique, afin de d'encourager la reprise économique dans d'autres pays. La réponse du ministre chinois des Finances Lou Jiwei à cette idée a été claire : « Assumez d'abord vos propres responsabilités ».
Depuis cette année, l'économie de la Chine est également confrontée à de nombreuses difficultés et problèmes : les contradictions structurelles et en matière de ressources causées par la dépendance excessives sur les investissements du Gouvernement pour maintenir la croissance à long terme aggravent la pression sur l'environnement qui se détériore, la demande interne et externe est en baisse, et les nouvelles barrières non tarifaires en matière écologique, technique, anti-dumping ou anti-subventions ou de protection de la propriété intellectuelle adoptées par certains pays développés, qui ne sont rien d'autre que du protectionnisme commercial, entravent les exportations chinoises ; les attaques de capitaux spéculatifs dues à la dévaluation monétaire compétitive de certains pays développés, le renchérissement du RMB et l'inflation importée. Dans un environnement interne et externe aussi complexe et difficile, au premier semestre de cette année, l'économie de la Chine a atteint une croissance de 7,6%, une performance rarement obtenue ailleurs, qui montre de façon évidente la contribution de la Chine à la croissance économique mondiale.
Dans l'avenir, la tâche principale de la Chine va être d'ajuster sa structure économique et son mode de redistribution des revenus ; pour assurer la stabilité de son économie et une croissance efficace saine, durable, raisonnable, bénéfique pour le niveau de vie des citoyens, il est nécessaire de sacrifier un peu de croissance, et nous allons devoir supporter certaines difficultés liées à l'ajustement structurel économique et au changement de mode de croissance. La Chine comme le monde doivent en être pleinement conscients et y préparer leurs esprits.
Bien sûr, plus la durée de ces difficultés sera courte et mieux cela sera. Sacrifier temporairement une certaine partie de sa croissance sera bénéfique pour l'avenir de l'économie chinoise et une croissance soutenue et saine, et ce sera positif à long terme pour le monde comme pour la Chine.
Chaque pays se doit d'apporter sa pierre à la croissance économique : ainsi, les États-Unis devraient encourager l'épargne et réduire leur déficit budgétaire, éliminer les discriminations en matière d'investissements et de commerce ; les pays européens devraient s'efforcer de sortir dès que possible de la crise de la dette et maintenir la stabilité de l'Euro ; le Japon devrait modifier ses stratégies politiques de droite, et maintenir de bonnes relations avec ses voisins asiatiques, afin d'élargir la demande extérieure, tandis que les pays émergents et les autres pays en développement devraient s'efforcer d'accroître leur demande intérieure, renforcer la demande de consommation de leurs citoyens et réduire leur dépendance envers les marchés extérieurs.
D'un point de vue mondial, tous les pays sont confrontés aux trois mêmes questions : premièrement, trouver un nouveau point de croissance économique, deuxièmement, trouver un point d'équilibre entre la croissance économique et la protection de l'environnement et troisièmement, rechercher une coopération mutuellement bénéfique pour la croissance. Parvenir à « une croissance forte, durable et équilibrée » de l'économie mondiale exige que les pays à coopèrent plus étroitement ; on ne peut pas d'un côté se livrer soi-même à un protectionnisme vigoureux en matière d'investissements et de commerce, et d'un autre côté demander aux autres pays d'assumer la responsabilité de la croissance économique ; on ne peut pas d'un côté procéder à des dévaluations monétaires compétitives fortes, et d'autre part exiger des autres pays qu'ils réévaluent leur monnaie ; on ne peut pas d'un côté refuser ou réduire ses responsabilités en matière d'émissions de carbone, et d'autre part demander à la majorité des pays en développement de supporter le fardeau des obligations de réduction.
La coopération, le bénéfice mutuel et le gagnant-gagnant constituent la tonalité principale du développement économique futur du monde. Les États devraient prendre des mesures décisives pour retrouver le chemin d'une croissance économique forte, mais éviter de prendre des mesures de politique économique égoïstes.
Shi Jianxun
Le Quotidien du Peuple, édition Outre-mer (23 juillet 2013, 01 édition)