La Chambre des représentants ( première chambre du parlement marocain) devra débattre dans les semaines à venir d'une proposition de loi visant à sanctionner toutes sortes de racisme.
Il s'agit d'un projet déposé le 15 juillet 2013 par le groupe parlementaire du PAM (Parti authenticité et modernité- Opposition). Le texte concerne en premier lieu le racisme anti- noir.
Et comme l'explique au portail menara.ma, l'un des députés PAM, Mehdi Bensaid, "le racisme contre les subsahariens doit être combattu. Nous voulons aussi lutter contre les expressions racistes à l'encontre des Marocains de peau noire. Le Maroc est un pays africain, non ?"». Le texte du projet précise que la discrimination est toute différenciation, préférence, rejet ou à- priori sur les personnes ou groupes en raison de leur appartenance géographique, nationale, sociale ou de leur couleur de peau, sexe, situation familiale, entre autres.
La définition intègre également l'égalité des chances, la répression du délit de faciès et le droit aux prénoms amazighs. Le PAM propose de punir la discrimination d'une peine de 3 mois à 2 ans de prison et/ou d'une amende allant de 10.000 à 100.000 DH. Un texte exhaustif qui fait le tour de la question dans ses aspects juridique et politique et qui est de nature à créer un véritable débat sur toutes les questions liées au sujet.
D'ailleurs, dès son dépôt au bureau de la première chambre le lundi 15 juillet, les réactions au projet ont commencé. Ainsi, l' Association marocaine des droits humains (AMDH) et le Conseil marocain des droits de l'Homme ont demandé à apporter des amendements au contenu de cette loi dans le cadre d'une journée de travail.
Certes, le Maroc n'est pas considéré comme un pays où les actes xénophobes sont nombreux, mais n'empêche que vu le nombre de subsahariens clandestins qui arrivent au pays, la crainte est de voir des sentiments de rejet se développer.
Selon les dernières estimations du ministère marocain de l'Intérieur, le royaume accueille actuellement, pas moins de 10. 000 Subsahariens répartis dans tout le territoire. Ils sont étudiants ou travailleurs pour la plupart mais parfois aussi réfugiés ou clandestins. A noter que le Maroc est devenu une terre d'accueil pour les migrants subsahariens estimés à 30 000 personnes.
Ahmed Ghayat, président de l'association "Marocains Pluriels ", a récemment écrit dans un quotidien francophone marocain que le Maroc a deux facettes, d'un côté "C'est le Maroc de la tolérance, le Maroc pluriel, le Maroc que l'on aime... mais de l'autre côté est une face sombre, celle qui vise de nous enfermer dans un repli suicidaire, celle qui n'hésite pas à brandir le racisme et à vouloir en faire une opinion". Il a expliqué: "On remarque une recrudescence des propos et des actes de rejet d'autrui : racisme, incitation à la haine, refus de la différence..".
Rappelons qu'en juin dernier, l'association "Bladi Bladek" a lancé une campagne de sensibilisation pour dénoncer la discrimination subie par la population subsaharienne au Maroc. Cette campagne qui a pour objectif de faire ouvrir les yeux sur une situation jugée inquiétante et faire prendre conscience que la population subsaharienne doit être respectée et vivre dans la dignité est la première du genre lancée au Maroc.
L'association, qui a été créée cette année, a fait de la lutte contre le racisme touchant la communauté subsaharienne, sa mission principale.