Après la présentation, la semaine dernière, de la démission de cinq ministres du parti de l'Istiqlal (PI) au chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui est aussi secrétaire général du Parti de justice et développement (PJD), les consultations politiques pour la formation d'une nouvelle coalition devraient démarrer durant la semaine en cours, rapporte le journal arabophone "ATTAJDID" (Renouveau), proche du PJD, qui cite M. Benkirane.
Ce dernier laisse entrevoir l'hypothèse de maintenir la structure actuelle de la majorité, précise la même source. A noter que le ministre marocain de l'Education nationale, Mohamed El Ouafa, membre du comité exécutif du PI, a refusé de démissionner, précisant qu'il reste encore en fonction et que seul le roi pourrait mettre fin à ses fonctions.
Dans des déclarations à la presse, les dirigeants du parti ont indiqué que ces consultations n'excluent aucun parti, y compris l'Istiqlal qui s'est retiré du gouvernement.
Le secrétariat général du PJD, dont la réunion a été tenue samedi à Rabat, a chargé M. Benkirane de fixer la date du conseil national du parti en vue de trancher sur les différentes options. Des sources bien informées indiquent que la direction du parti a décidé de mettre sur la table des négociations tous les portefeuilles du parti de l'Istiqlal, y compris les ministères et la présidence de la Chambre des représentants.
M. Benkirane devrait prendre contact avec d'autres partis au Parlement marocain pour le remplacer, les plus proches de cette possibilité seraient le Rassemblement national des indépendants (RNI) et l'Union constitutionnelle (UC).
En effet, le RNI semble le candidat le plus proche pour compenser le départ de l'Istiqlal, à condition que cela se fasse selon une approche participative en prenant soin de résoudre les problèmes ayant entaché les relations entre les deux partis.
Le Bureau politique du parti de la colombe devait se réunir lundi pour examiner l'offre de Benkirane sur la participation du RNI dans le gouvernement. Le RNI avait conditionné son entrée au gouvernement Benkirane par l'octroi du portefeuille de l'Economie et des Finances à son président, Salaheddine Mezouar, et des portefeuilles ministériels de poids tels que l'Habitat, la Santé et l'Education nationale.
Selon le journal marocain arabophone "Al Ahdat Al Maghribia", M. Benkirane n'est pas contre une recomposition de l'actuelle équipe gouvernementale à condition que cela se limite au remplacement des ministres istiqlaliens, a révélé un dirigeant PJDiste sous couvert d'anonymat. Dans une déclaration au journal, le responsable du parti de la Lampe a indiqué que le chef de l'Exécutif pourrait demander au Souverain de mettre fin aux fonctions des seuls ministres istiqlaliens, conformément aux dispositions de l'article 47 de la Constitution, afin de permettre au Parti de la balance de proposer de nouvelles figures capables de mieux représenter leur formation au sein du gouvernement, ajoutant que les dirigeants du PJD ne veulent pas convoquer des élections législatives anticipées.
S'exprimant devant les membres de son bureau politique et les cadres du parti, Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire (MP) a, par ailleurs, indiqué que tous les scénarios sont prévus, de la restructuration des ministères jusqu'à la tenue des élections anticipées en cas d'échec des consultations politiques.
Pour rappel, le PJD a remporté les législatives de 2011, sans disposer de la majorité. Il a dû composer une coalition au sein de laquelle figure le PI, le MP et le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS). Avec le retrait du PI, M. Benkirane pourrait recourir à la solution constitutionnelle qui prévoit la dissolution de la Chambre des représentants et l'organisation d'élections législatives anticipées.