Ces deux derniers jours, le problème des soi-disant « armes chimiques » en Syrie est devenu de plus en plus brûlant, renforçant soudainement la possibilité de l'usage de la force contre la Syrie par les États-Unis et dans certains autres pays occidentaux. Bien que les parties concernées ne soient pas toutes sur la même ligne s'agissant du moment précis, les « frappes » semblent être imminentes, et sur ce point-là, tout le monde est d'accord. Que l'équipe d'enquête de l'ONU n'ait pas achevé ses travaux, qu'il n'y ait aucune preuve concluante des allégations opposées au Gouvernement syrien, et que l'usage de la force n'ait pas obtenu l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU, tout cela semble être considéré comme chose mineure par certains pays occidentaux.
Qu'il y ait une catastrophe humanitaire, c'est l'évidence, que l'utilisation des armes chimiques soit une « ligne rouge » mérite aussi d'être considéré, mais il semble que la répression des dissidents ne soit qu'un prétexte bien commode. Du Kosovo à l'Irak, puis à la Libye, les pays occidentaux sont depuis longtemps passés maîtres dans l'utilisation de ce genre d'arguments.
Comparé à d'autres cas, les conséquences de l'usage de la force contre la Syrie seront plus graves. Derrière les troubles qui secouent la Syrie, il y a des conflits religieux et ethniques profonds, il y a un jeu géopolitique complexe, ainsi qu'une menace terroriste qui continue à croître. Une intervention militaire extérieure ne saurait en aucune manière résoudre fondamentalement le problème des armes chimiques, pas davantage qu'elle n'est la bonne façon de résoudre la crise en Syrie ; cela pourrait au contraire renforcer les oppositions entre les parties au conflit en Syrie, ce qui pourrait conduire à une escalade de la violence et des conflits armés, mettant la Syrie sur la voie d'une solution militaire au problème, qui est une impasse, et contraire à la direction générale d'une solution politique. A ce moment-là, ce ne seront pas seulement les plus de 22 millions d'habitants de la Syrie qui souffriront de difficultés encore plus grandes, mais c'est aussi la sécurité et la stabilité de tout le Moyen-Orient qui subiront également un choc catastrophique.