A l'invitation du président américain Barack Obama, le président français François Hollande est aux États-Unis du 10 au 12 février pour une visite d'Etat de trois jours. C'est la première visite d'Etat d'un président français aux États-Unis depuis 1996.
Selon un chercheur de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, située à Washington, les relations entre les Etats-Unis et la France ont connu un ralentissement au cours des dernières années en raison de divergences entre les deux pays sur la guerre en Irak, mais du fait de l'attitude plus positive adoptée récemment par la France en ce qui concerne des sujets comme la Syrie, le Mali et la Centrafrique, et que les deux pays sont entrés dans une période de coopération en ce qui concerne les affaires de sécurité internationales, la visite du président français à ce moment précis reflète la volonté des deux parties de renforcer la coopération politique .
Wang Yi, Directeur du Centre de recherches sur la gouvernance mondiale à l'Institut chinois des affaires internationales, estime que l'on peut s'attendre à voir la visite de François Hollande aux États-Unis s'efforcer d'atteindre deux objectifs :
Premièrement, la France souhaite, grâce à une diplomatie « globale » et une « diplomatie économique » étendre son influence internationale, s'extirper de ses difficultés économiques actuelles, compenser l'atonie de ses politiques économiques et sociales et lutter contre une situation de passivité causée par la baisse de popularité de François Hollande. Depuis l'année dernière, François Hollande s'est rendu en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie du Sud, en Asie de l'Est, en Amérique latine et dans d'autres lieux, et partout où il s'est rendu personnellement, il s'est efforcé de jouer un rôle de « vendeur » pour les sociétés et produits français. Un des buts de sa visite aux Etats-Unis est d'approfondir les relations économiques bilatérales, et de coordonner les positions respectives des pays dans les négociations en cours concernant l'« Accord de partenariat transatlantique de commerce et d'investissements ».
Deuxièmement, la France avait un besoin urgent de discuter « cartes sur table » avec les États-Unis sur les grandes questions internationales et régionales. L'an dernier, en raison du scandale d'espionnage « Prism », du mécontentement français face à la « volte-face » des Etats-Unis alors que l'usage de la force se profilait contre la Syrie, du mécontentement américain face à l'attitude de la France qui fut à un certain moment à deux doigts de « torpiller » les négociations sur le nucléaire iranien à la veille de la conclusion d'un accord provisoire, et tout récemment encore les paroles insultantes proférées par une diplomate américaine à l'égard de l'UE au sujet de l'affaire ukrainienne, la discorde entre l'Europe et les États-Unis a perduré. Cependant, en tant que partenaire stratégique dans les relations transatlantiques, la France a aussi besoin d'avoir une position cohérente avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération nucléaire, le changement climatique, la Syrie, l'Iran, la coordination des politiques économiques et financières pour faire face aux nouveaux défis du marché, et de nombreux autres aspects. Par conséquent, la France et les Etats-Unis espèrent être en mesure, pendant cette visite, d'enterrer la hache de guerre et de jeter les bases pour la visite de Barack Obama au siège de l'UE en mars prochain.