Récemment, de nombreux médias occidentaux ont laissé entendre que les États-Unis auraient l'intention de lancer des frappes aériennes et d'autres opérations militaires contre les militants de l’« Etat islamique » retranchés dans le Nord de la Syrie. Quand on connait la position de la Maison Blanche et du Pentagone, c’est une chose très possible. En particulier du fait que les terroristes de l’« Etat islamique » ont récemment assassiné le journaliste américain James Foley en Syrie, suscitant la fureur des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux. La guerre contre les extrémistes islamistes en Irak et en Syrie a commencé.
Lutter contre les forces terroristes actives en Irak et en Syrie est bien sûr nécessaire. Mais il y a une condition à cela : que les Etats souverains concernés soient d’accord. N’oublions jamais que tous les pays du monde sont aujourd'hui des membres égaux de la communauté internationale, et que chacun a sa propre souveraineté et sa propre dignité, qui ne doivent pas faire l’objet de violations arbitraires. C’est du fait qu’ils y ont été autorisés par le gouvernement irakien que les États-Unis ont envoyé des avions de guerre, et lancé des frappes aériennes contre les militants de l’« Etat islamique » retranchés dans le nord du pays. C'est ce qu'on appelle une « bonne raison ».
Quant à la Syrie, c’est aussi un Etat souverain. Si les États-Unis souhaitent y lutter contre les organisations terroristes, ils doivent également obtenir l'autorisation du gouvernement syrien. Mais à l’heure actuelle, dans la bouche des responsables américains, personne n’entend des mots comme « demander l’autorisation du gouvernement syrien », ni même « nécessité d'un mandat de l'ONU ». C'est absolument anormal. D'un point de vue juridique, si les Etats-Unis veulent commencer à frapper les terroristes en Syrie, ils doivent d'abord tenter d'obtenir l'autorisation du gouvernement syrien. Sinon, ce serait une violation flagrante du droit international, et une violation délibérée de la souveraineté de ce pays.
En fait, les États-Unis n'ont pas besoin d'envoyer leurs combattants ni leurs forces spéciales en Syrie. Parce que le gouvernement syrien et ses troupes sont tout à fait capables de détruire les forces terroristes. Pour être honnête, le gouvernement syrien dirigé par Bachar al-Assad a joué un rôle important dans la lutte contre les organisations terroristes sur son territoire. Sans la ténacité et la résistance d’Assad, la bannière de l’« Etat islamique » ou du « Front Al-Nosra » flotterait peut-être déjà sur le palais présidentiel syrien. C’est pourquoi l'armée syrienne est une force indispensable dans la lutte contre les groupes terroristes.
Ce dont le Gouvernement syrien a aujourd’hui besoin, c'est d’un soutien financier et matériel. Ce n’est que quand les États-Unis auront changé leur attitude de diabolisation du gouvernement syrien, qu’ils coopéreront avec lui sur les plans politique et militaire, que leurs objectifs de lutte contre les forces terroristes pourront être atteints.
Depuis quelque temps, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont changé leur attitude passée empreinte de méfiance à l’égard de l'Iran. Même le Premier ministre britannique David Cameron a récemment promis de former une alliance avec l'Iran pour vaincre la « menace commune » que constituent les extrémistes islamiques. Cela confirme le célèbre dicton diplomatique britannique : « Il n'y a pas d'amis permanents ni d'ennemis permanents ». C’est pourquoi, face à un ennemi qui se trouve à sa porte, l’attitude actuelle de l’Occident à l'égard du régime syrien devrait également changer.
Mais d’éventuelles frappes aériennes américaines en Syrie contre les terroristes sont confrontées à plusieurs faiblesses : les Etats-Unis ne sont guère familiers du terrain syrien, ni des coutumes locales, pas plus qu’ils n’ont pleinement saisi les règles qui régissent le fonctionnement et les activités de ces deux organisations terroristes que sont l'« Etat islamique » et le « Front Al-Nosra ». À cet égard, le gouvernement syrien est en mesure de fournir une assistance aux États-Unis. Donc, continuer à ignorer l'existence du gouvernement syrien dirigé par Bachar al-Assad, à mépriser les capacités du peuple syrien, c’est non seulement faire preuve d’hégémonisme, mais également d’une vision à très court terme.
Ces dernières semaines, les chasseurs de l'armée syrienne ont procédé à des bombardements intensifs des positions de l’« Etat islamique » dans le Nord-est du pays. Ce soutien des Syriens à leurs frères irakiens témoigne aussi de l'attitude et de la position de la Syrie, opposée au terrorisme. Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays occidentaux devraient saisir cette rare occasion de travailler ensemble avec le gouvernement syrien et l'opposition locale modérée pour faire face au plus grand ennemi de l'humanité - le terrorisme. Si les pays occidentaux persistent à appliquer leur schéma précédent, ne reconnaissent pas que leurs interventions passées dans les affaires intérieures de la Syrie étaient une erreur, que leur hostilité au régime syrien continue, le seul résultat est qu’ils manqueront une opportunité et deviendront l’objet de risées.
Ren Yaqiu
Le 26 août 2014