L'inquiétude monte face à la gestion de l'épidémie aux États-Unis et alors que le gouvernement cherche à faire taire les lanceurs d'alerte

Une lanceuse d'alerte a demandé une protection fédérale après avoir affirmé que les agents fédéraux américains avaient manqué d'équipements de protection adéquats lors du traitement des évacués du coronavirus, suscitant une inquiétude croissante quant à savoir si le gouvernement américain prend des précautions adéquates contre l'épidémie de COVID-19.

Selon un article du Washington Post et des extraits du dossier de plainte obtenus par d'autres médias, la lanceuse d'alerte, une haute responsable du ministère de la Santé et des Services sociaux (HHS), a déclaré mercredi dernier que plus d'une douzaine d'employés fédéraux de la santé avaient été « mal déployés » sur les bases aériennes de Travis et de March en Californie pour aider les Américains mis en quarantaine évacués de Wuhan, et qu'ils n'avaient « pas été correctement formés ou équipés pour opérer dans une situation d'urgence de santé publique ».

(Capture d'écran du Washington Post)

(Capture d'écran de CNN)

(Capture d'écran du New York Times)

Dans sa plainte, la lanceuse d'alerte a souligné qu'« aucune mesure appropriée n'avait été prise pour mettre en quarantaine, surveiller ou tester [les travailleurs] pendant leur déploiement et à leur retour chez eux aux Etats-Unis », certains membres du personnel exposés se déplaçant même librement autour et hors des bases. En outre, au moins une personne a séjourné dans un hôtel voisin et a ensuite quitté la Californie sur un vol commercial. L'équipe était là de la mi-janvier jusqu'au début du mois de février.

Après son dépôt de plainte, la lanceuse d'alerte a été mutée et sera licenciée si elle n'accepte pas son nouveau poste dans un délai de 15 jours. Selon son avocat, Ari Wilkenfeld, l'affaire concerne la réponse du HHS au coronavirus et son incapacité à protéger ses employés et potentiellement le public. « Les efforts de représailles pour intimider et faire taire notre cliente doivent être combattus », a-t-il déclaré.

(Capture d'écran du site Web du New York Times)

Le récit de la lanceuse d'alerte a soulevé des doutes quant à la préparation adéquate de l'administration Trump à la gestion du coronavirus. Certains ont dit que l'épidémie pourrait devenir le « Katrina » de Donald Trump, une catastrophe qui révèle l'incompétence et le manque de préparation du gouvernement américain.

« La tentative de l'administration Trump de dissimuler sa propre incompétence et de faire taire les lanceurs d'alerte ne fera qu'entraver la réponse au coronavirus et contribuera à sa propagation », a-t-on pu lire dans un commentaire du site Internet du New York Times.

La plainte, signalée pour la première fois par le Washington Post, a été révélée le lendemain du jour où le premier patient américain du comté de Solano, en Californie, où se trouve la base aérienne de Travis, a été confirmé infecté par le coronavirus sans pourtant avoir été exposé à une personne connue pour avoir été contaminée ou avoir voyagé récemment dans des pays touchés par le virus, ce qui a inquiété le public quant à l'éventualité de lier les deux épisodes.

(Capture d'écran du site Web du New York Times)

Un internaute nommé LAD a déclaré qu'il semblait logique que le premier cas « inexpliqué » soit lié au personnel de la base aérienne de Travis ou aux personnes qui se rendaient à destination et en provenance de là. Il s'est alors demandé si le personnel avait pris les précautions adéquates. « Je suppose que la réponse est non », a-t-il écrit.

Le 27 février, lors d'une audition, lorsqu'on lui a demandé ce que le ministère ferait si des employés non formés étaient exposés au virus, le secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, Alex Azar, a répondu : « Je voudrais connaître tous les faits et prendre les mesures correctives appropriées ».

Le représentant Jimmy Gomez, Démocrate de Californie, apporte à présent son aide au traitement de la plainte et a demandé à plusieurs reprises aux Centres de contrôle et de prévention des maladies de fournir plus de détails.

Xian Jiangnan, journaliste au Quotidien du Peuple en ligne