Confiant et serein, le président français François Hollande a accordé jeudi soir une interview de 75 minutes, diffusée en direct sur la chaîne de télévision publique France 2, lors de laquelle il a abordé plusieurs sujets d'actualité, allant du chômage à la guerre au Mali, en passant par la mise en examen de Nicolas Sarkozy, alors que sa propre cote de popularité dégringole dans les sondages et que les chiffres de l'économie française ne cessent de se dégrader.
Arrivé au pouvoir il y a dix mois dans le contexte d' une crise économique et sociale en France, aggravée davantage par la crise de la zone euro, le gouvernement de François Hollande a commencé à remplir ses engagements pris lors de la campagne électorale, par exemple le mariage pour tous, la lutte contre le chômage, et l' imposition de la taxe à 75% pour les plus riches.
Mais les actions de son gouvernement ont dû faire face à une résistance de plus en plus évidente des partis politiques d' opposition, tel que l' UMP. Des Français ordinaires, mal à l' aise, semblent avoir perdu la patience sur un gouvernement qui n' a fourni que des résultats maigres dans le domaine économique.
"Quand je me suis présenté à l'élection présidentielle, je connaissais la situation du pays (...) En revanche, ce que nous n'avions pas anticipé, c'est que cette crise allait encore durer, plus longtemps que prévu", a reconnu toutefois François Hollande au tout début de cet entretien télévisé très attendu par ses concitoyens.
Il a réaffirmé son "objectif" d'inverser à la fin de l'année la courbe du chômage. "Ca va augmenter et puis à la fin de l'année nous serons dans une baisse", a promis le chef de l'Etat.
Le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a continué son augmentation en février avec 18.400 chômeurs de plus (+0,6%), soit un total de 3,187 millions d'inscrits en métropole, et ce nouveau chiffre est légèrement inférieur au record historique de 3,195 millions enregistré en 1997, a révélé mardi soir le ministère français du Travail.
"Ma priorité, je l'ai dit, c'est l'emploi, mais mon cap, c'est la croissance, c'est la production nationale" car "quand on est en croissance zéro on ne crée pas d'emplois", a déclaré solennellement le président français. "Je n'attends pas la croissance, je la crée", a-t-il souligné.
La taxe à 75% pour les plus riches, retoquée par le Conseil constitutionnel, va revenir sous la forme d'un prélèvement payé par les entreprises qui versent des rémunérations supérieures à un million d'euros, a déclaré François Hollande. "Je vais procéder différemment", a-t-il martelé.
Pour le budget de la défense, "Nous dépenserons en 2014 exactement le même montant qu'en 2013". Le budget de 31 milliards d'euros sera ainsi maintenu durant la loi de programmation militaire 2014-2019, a-t-il a affirmé.
Récemment, un certain nombre de personnalités, dont des militaires, ont manifesté la crainte de voir une baisse du budget de la défense, dans le cadre des efforts du gouvernement de faire des économies dans les dépenses publiques en vue de réduire les déficits publics.
François Hollande a également évoqué le retrait des soldats français du Mali. La France avait lancé une opération militaire dans ce pays ouest-africain le 11 janvier dernier. Jusqu'à présent, 5 militaires français ont déjà été tués sur le sol malien.
"Plus que 2.000 soldats français au Mali" en juillet 2013 contre 4 000 aujourd'hui. Le retrait commencera fin avril, a-t-il révélé.
Il a émis le souhait de voir la tenue des élections au Mali à la fin du mois de juillet.
A propos de la levée de l' embargo d' armes sur la Syrie, François Hollande a précisé: "il ne peut pas y avoir de livraison d'armes à la fin de l'embargo - c'est en mai - s'il n'y a pas la certitude que ces armes seront utilisées par des opposants légitimes et coupés de toute emprise terroriste". "Pour l'instant, nous ne l'avons pas, cette certitude".
Il a également abordé plusieurs sujets, tels que le "choc" de simplification administrative, l'austérité et l'Europe, les impôts et le pouvoir d' achat.
Selon de nombreux observateurs politiques avisés, il s' agit essentiellement pour le chef d' Etat français de rassurer ses concitoyens, de plus en plus défiants à son égard, comme le montre un taux de satisfaction en chute libre depuis son élection en mai dernier.
Le comparateur de sondages du Monde.fr indique que François Hollande ne bénéficie en ce mois de mars que de 30 à 35% d' opinions favorables parmi ses concitoyens, selon les résultats de six instituts de sondage différents, ce qui le rend moins populaire que son prédécesseur Nicolas Sarkozy (2007-2012) à la même période, soit dix mois après l'investiture.