La Corée du Sud a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à autoriser l'accès des travailleurs sud-coréens au complexe industriel de Kaesong après que la RPDC a empêché les employés sud-coréens d'entrer dans la zone industrielle intercoréenne située dans la ville frontalière de Kaesong, en RPDC.
"L'interdiction d'accès au complexe industriel de Kaesong crée un obstacle de taille pour la bonne opération du complexe", a déclaré lors d'un point de presse Kim Hyung-seok, porte-parole du ministère de l'Unification responsable du dialogue et de la coopération avec la RPDC. "Le gouvernement exhorte de nouveau la RPDC à lever immédiatement l'interdiction d'accès, tout en exprimant sa grande déception à l'égard de cette interdiction".
Ces propos ont été prononcés peu après que la RPDC a interdit l'entrée pour les employés sud-coréens dans la zone industrielle conjointe plus tôt dans la journée, l'interdiction autorisant seulement les travailleurs sud-coréens à quitter Kaesong pour rentrer à Séoul.
Cette décision a été prise par la RPDC quatre jours après sa menace de fermer ce parc industriel conjoint, qui compte environ 120 entreprises sud-coréennes et emploie autour de 54 000 travailleurs de RPDC.
Les usines continuent pour l'instant de fonctionner normalement dans la zone industrielle, mais l'interdiction d'entrée va avoir pour effet de couper l'approvisionnement en matières premières et de bloquer l'accès des employés aux usines, ce qui pourrait conduire à des perturbations de la production si l'interdiction se prolongeait.
Par ailleurs, la RPDC a déclaré mardi qu'elle avait décidé de redémarrer ses activités sur le site nucléaire de Nyongbyon, y compris l'enrichissement de l'uranium, et de réactiver son réacteur modéré au graphite de 5 MW qui avait été "désactivé dans le cadre d'un accord conclu lors des pourparlers à six en octobre 2007".
Les tensions sont à leur comble sur la péninsule coréenne suite au troisième essai nucléaire qu'a effectué la RPDC le 12 février en réponse à des manoeuvres militaires conjointes des Etats-Unis et de la Corée du Sud.
La RPDC a déclaré le week-end dernier qu'elle était entrée en "état de guerre" contre la Corée du Sud. Pendant longtemps, la péninsule coréenne n'a été ni en paix, ni en guerre. Cette situation est terminée, selon la déclaration diffusée par la KCNA. La RPDC a également menacé de procéder à une frappe nucléaire préventive d'autodéfense et a unilatéralement rompu l'armistice qui avait mis fin à la guerre de Corée en 1953.
En réponse aux menaces de guerre répétées de la RPDC, le commandement stratégique américain a envoyé deux bombardiers furtifs B-2 capables de transporter des armes nucléaires depuis le Missouri pour mener son tout premier exercice de tir en Corée du Sud. Le Pentagone a également déployé sur la péninsule des chasseurs F-22 dans le cadre de l'exercice militaire conjoint en cours entre Séoul et Washington.
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a demandé lundi à son armée de répondre avec fermeté aux éventuelles provocations de la RPDC sans la moindre considération politique, tandis que le secrétaire d'Etat américain John Kerry a réaffirmé mardi l'engagement de la Défense américaine envers la Corée du Sud à l'issue d'une rencontre avec son homologue sud-coréen Yun Byung-se.
Malgré l'escalade des tensions, la rhétorique belliqueuse de la RPDC ne nuit pas au marché sud-coréen, d'après un évaluateur américain de la notation.
"La rhétorique de la RPDC met en lumière les risques présents depuis longtemps de dérapages géopolitiques, sans pour autant avoir d'effets réels et négatifs sur le marché de Séoul, ni sur les bases économiques de la Corée du Sud", a indiqué dans un rapport Thomas Byrne, vice-président du Service des investisseurs de l'agence de notation Moody's.
Selon M. Byrne, la stabilité de la Corée du Sud est garantie par l'effet dissuasif exercé par les Etats-Unis, son puissant allié.