Après que l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac eut avoué mardi détenir des comptes bancaires en Suisse et à Singapour après en avoir nié l'existence pendant près de 4 mois, nombre de personnalités politiques, à droite comme à gauche, ont exprimé leur indignation, certaines allant jusqu'à mettre en doute l'intégrité de l'exécutif.
Après avoir pris acte mardi "avec grande sévérité" des aveux de M. Cahuzac, le président français François Hollande a déclaré mercredi dans une allocution préenregistrée qu'il s'agit d'"une faute impardonnable", "un outrage à la République" et que "toute la lumière sera faite" dans cette affaire.
Mardi, le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, invité du journal télévisé de France 2, a demandé à Jérôme Cahuzac de "tirer toutes les conséquences de ce mensonge particulièrement grave, à l'égard de la République, à l'égard de l'Etat républicain, à l'égard des Français, et de ne plus exercer de responsabilité politique, quelle qu'elle soit".
"Par ses actes d'une extrême gravité (...), Jérôme Cahuzac s'est exclu de fait du Parti Socialiste", a quant à lui déclaré mercredi matin dans un communiqué Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, dont M. Cahuzac était membre.
"Il n'en sera désormais plus membre", a clairement indiqué M. Désir, qui a demandé à M. Cahuzac "de tirer toutes les conclusions de ses agissements en renonçant à ses mandats électifs".
En apprenant la nouvelle mardi, "j'ai été stupéfait, accablé, consterné, en colère (...) Je lui ai donné ma confiance et c'est vrai qu'elle n'a pas été respectée", s'est exclamé mercredi matin sur RTL le ministre de l'Économie, Pierre Moscovici, qui a eu sous sa coupe pendant dix mois M. Cahuzac au ministère de l'Economie.
"Je peux comprendre la détresse de cet homme, je ne peux pas pardonner la faute parce qu'elle a des conséquences. Elle a des conséquences pour lui, mais elle a des conséquences (...) pour l'image de la politique", a ajouté M. Moscovici, parlant de "faute impardonnable".
"Qui peut croire aujourd'hui que Jean-Marc Ayrault et François Hollande n'étaient au courant de rien ?", s'est interrogé mercredi matin sur Europe 1 Jean-François Copé, président du principal parti d'opposition (Union pour un mouvement populaire, UMP).
François Hollande "soit ne savait rien, et c'est quand même extrêmement grave (...), soit il savait et ça veut dire qu'il a menti aux Français", a-t-il ajouté, disant qu'"on ne sait plus très bien à qui on peut faire confiance dans ce gouvernement".
Le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s'est dit mercredi matin "stupéfait" et "dégoûté" par les agissements de Jérôme Cahuzac, dénonçant une "oligarchie de gens qui se sentent au-dessus des lois, au-dessus de tout, qui sont capables de mentir avec un aplomb absolument extraordinaire".
"Comment se fait-il que Médiapart (média à l'origine du scandale, ndlr) et les juges aient pu trouver en quelques semaines et que d'autres dont c'était le métier ne trouvent rien ?", a questionné M. Mélenchon, qui déclare ne pas croire le Premier ministre quand il dit ne rien savoir.
"Beaucoup de gens ont dû mentir, je ne m'explique pas la situation autrement", a ajouté l'ancien candidat à l'élection présidentielle, précisant n'avoir "aucune confiance morale dans M. Cahuzac après ce qu'il a fait".
Réagissant mardi aux aveux de M. Cahuzac, le président du Mouvement démocratique (MoDem, centre), François Bayrou, a qualifié les dégâts provoqués par l'affaire Cahuzac de "considérables et dévastateurs pour le monde politique français".
"Le scandale Cahuzac vient d'exploser en plein vol et, une fois de plus, les dégâts sont considérables et dévastateurs pour le monde politique français", a-t-il déclaré, ajoutant que "la moralisation de la vie publique devient un impératif d'urgence dans un pays où plus personne, si les choses continuent ainsi, ne va pouvoir donner sa confiance aux responsables de la vie publique".
"Je ne vois pas d'autre solution que de démissionner le gouvernement et de dissoudre l'Assemblée nationale", a pour sa part estimé mercredi dans un communiqué la présidente du Front national, Marine Le Pen.
Mme Le Pen a par ailleurs dénoncé d'un "mensonge d'Etat", se disant convaincue que "le président de la République et le Premier ministre étaient au courant" de l'existence des comptes à l'étranger de M. Cahuzac.