La Russie a accordé jeudi à l'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden un asile provisoire d'un an, une décision qui pourrait détériorer les relations russo-américaines déjà tendues et remettre en question le sommet prévu entre les présidents des deux pays.
La Maison Blanche s'est déclarée jeudi "extrêmement déçue" par la décision de Moscou d'octroyer l'asile au fugitif Edward Snowden et est en train de réfléchir au maintien du sommet présidentiel russo-américain prévu début septembre.
"Nous sommes extrêmement déçus du fait que le gouvernement russe ait pris cette décision, malgré nos demandes très claires, et légales, en public et en privé, de voir M. Snowden expulsé vers les Etats-Unis pour qu'il réponde des accusations portées contre lui", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.
M. Snowden "est accusé d'avoir révélé des informations classifiées et est visé par trois chefs d'inculpation criminels. Et il devrait revenir aux Etats-Unis le plus vite possible", a ajouté M. Carney lors de son point de presse quotidien.
"Cette décision prise par le gouvernement russe sape un bilan de longue date sur la coopération en matière de sécurité" entre Moscou et Washington, a-t-il ajouté.
Edward Snowden, 30 ans, qui était bloqué depuis le 23 juin à l'aéroport Sheremetyevo de Moscou, a quitté jeudi l'aéroport pour un lieu sûr en Russie, après que le Service fédéral des migrations (FMS) de la Russie lui a accordé un asile temporaire d'un an.
L'ancien consultant du renseignement américain a été privé de passeport et est inculpé d'espionnage, de vol et de communication non autorisée des informations de défense nationale et de renseignements par son pays pour ses révélations sur les opérations de surveillance massive des communications effectuées par l'Agence de sécurité nationale (NSA).
Le refus de Moscou d'accéder à la demande de Washington pour le retour de Snowden a aggravé ses relations avec Washington, qui sont déjà très tendues à cause de leurs divergences sur la Syrie.
La Maison blanche a refusé de parler du sommet prévu début septembre entre le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine à Moscou avant le G20 de Saint-Pétersbourg.
"Je n'ai pas d'informations sur le programme à donner aujourd'hui, mais évidemment, cela (l'asile à M. Snowden) n'est pas un développement positif", a indiqué le porte-parole américain.
"Nous partageons un large éventail d'intérêts avec les Russes, et nous évaluons l'utilité d'un sommet", a-t-il expliqué.
Toutefois, a-t-il ajouté, les relations russo-américaines sont fondées sur le réalisme politique, et les efforts d'Obama pour "reconstruire" les relations bilatérales durant son premier mandat ont produit des "bénéfices positifs" pour les Etats-Unis, notamment avec la coopération de la Russie en Afghanistan et en Irak et la signature d'u nouveau Traité de réduction des armes stratégiques.
Yuri Ushakov, assistant présidentiel du Kremlin, a déclaré à l'agence Interfax que le gouvernement russe était conscient de l'atmosphère créée aux Etats-Unis par l'affaire Snowden, mais qu'il n'avait reçu "aucun signal" concernant l'annulation de la visite du président américain Barack Obama en Russie en septembre.
"Ce problème (l'asile pour Snowden) n'est pas suffisamment important pour avoir un impact sur les relations politiques", a-t-il souligné.
Le président russe Vladimir Poutine, qui a qualifié Snowden d'"un passager en transit" arrivé en Russie sans invitation, a déclaré à plusieurs reprises que Moscou n'allait pas saper ses relations avec Washington.
La relation entre la Russie et les Etats-Unis est plus importante que n'importe quel scandale lié aux renseignements, avait-t-il déclaré.
Selon des experts russes, l'impact de l'événement sur les relations russo-américaines était à prévoir, car Snowden était voué à passer la frontière russe tôt ou tard et les Etats-Unis ne semblaient pas enclins à prendre des mesures susceptibles de saper grièvement les relations bilatérales.