Hier, six géants de l'internet chinois ont inauguré ensemble une nouvelle plateforme destinée à étouffer les rumeurs qui se propagent sur la toile.
Ce service a été mis en place par Qianlong, Sogou, Sohu, Netease, Baidu et le site de microblogging Sina Weibo.
L'initiative a été prise sous la direction du Bureau de l'information sur internet de Beijing (BIIB) et de l'Association internet de Beijing, une organisation sociale à but non lucratif.
Alors qu'internet fournit de nouveaux moyens d'expression à la population chinoise, il facilite également la circulation de rumeurs et de fausses informations, estime Chen Hua, directeur du Département des services et de la gestion de l'information sur internet du BIIB.
« C'est une tentative engagée par les principaux sites internet de Beijing pour éradiquer les rumeurs qui courent sur la toile et informer les gens de l'importance de faire une distinction entre rumeur et information réelle », ajoute-t-il.
La première phase du projet est d'ores et déjà terminée, annonce Chen.
La plateforme rassemble quelques 100 000 déclarations sur des rumeurs en ligne et des sites de phishing, et elle dresse une liste de 30 sites sur lesquels ces escroqueries peuvent être signalées.
La deuxième phase du projet devrait être achevée d'ici un an et offrira des programmes interactifs et divertissants destinés à encourager le public à signaler les rumeurs qu'il rencontre sur internet.
Certains internautes font naître une rumeur pour attirer l'attention, alors que d'autres le font pour se défouler, analyse Min Dahong, chercheur sur l'utilisation d'internet.
Toutefois, les rumeurs fabriquées intentionnellement peuvent être dangereuses et semer la panique au sein de la population, souligne Min.
Des recherches démontrent que les rumeurs circulent particulièrement vite en situation de crise, comme lors de catastrophes naturelles par exemple.
Au mois de juin dernier, le centre d'information du site Sohu avait lancé un programme baptisé « Rumor Terminator », qui avait mis la main sur 300 exemples d'informations erronées.
Il a permis de se rendre compte qu'après les averses du 21 juillet 2012 à Beijing, il n'avait pas fallu attendre longtemps pour que des internautes publient les photos des graves inondations qui avaient touché la ville l'année précédente.
Autre exemple, plusieurs internautes ont prétendu qu'il avait déjà été prédit voilà cinq ans qu'un tremblement de terre frapperait le district de Lushan, dans la province du Sichuan.
Pourtant, il a été prouvé un peu plus tard que ces déclarations avaient en réalité été faites après que le séisme de magnitude 7.0 ne fasse trembler la région le 20 avril 2013, emportant dans les décombres au moins 196 personnes.
De telles rumeurs ont une influence extrêmement néfaste, selon Wu Chenguang, directeur du centre d'information du site Sohu.
Selon lui, le fait que le gouvernement soit relativement lent pour diffuser certaines informations facilite la propagation des rumeurs.
D'après Min Dahong, si les rumeurs circulent vite en Chine, c'est parce qu'elles touchent à des sujets d'intérêt commun. Les Chinois se soucient davantage de leurs proches de nos jours, explique-t-il.
Les rumeurs se propagent vite car elles alimentent la curiosité du public, ainsi que ses inquiétudes concernant la protection de l'environnement, la sécurité alimentaire et la corruption, conclut-il.