La ministre française des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a présenté mercredi, en Conseil des ministres, le texte définitif de la réforme des retraites du gouvernement socialiste, élu en mai 2012.
Ce projet de loi vise, selon les autorités, à assurer l'avenir et l'équité du système des retraites français, qui souffre d'un fort déficit, en procédant à l'allongement progressif de la durée de cotisation à 43 ans à partir de 2020.
S'ajoute à cette mesure une hausse des cotisations vieillesse patronales et salariales, qui devrait générer près de 4,4 milliards d'euros, s'élevant à 0,15% en 2014 puis à 0,05% par an jusqu'en 2017.
"On demande à l'ensemble des Français de faire un effort mesuré", a expliqué Mme Touraine, dans une interview diffusée ce mercredi matin à la fois sur la chaîne BFMTV et sur la radio RTL.
"(...)La femme qui travaille dans un supermarché, on va lui demander de faire un petit effort qui sera, si elle gagne 900 euros par mois (équivalent du salaire minimum français), de moins de 2 euros par mois, mais on va lui demander de faire cet effort plusieurs années de suite", a détaillé Mme Touraine, donnant un exemple de l'effet de cette hausse de cotisations.
"Je le dis, je ne le cache pas. Et le devoir de vérité, c'est d'indiquer que chacun va devoir contribuer de façon limitée", a-t-elle poursuivi, soulignant que la réforme reposerait "sur un équilibre d'ensemble".
"Il n'y aura pas de diminution des pensions. Il n'y aura pas de gel durable des pensions", a-t-elle martelé, écartant les rumeurs ayant entouré la rédaction du projet de loi sur les retraites. "Le niveau des retraites sera préservé", a-t-elle encore souligné.
Mme Touraine a également évoqué une autre mesure phare de la réforme, le "compte pénibilité", devant alléger la charge de travail pesant sur les salariés confrontés à des conditions de travail difficiles, notamment ceux qui travaillent de nuit ou qui sont exposés à des substances cancérigènes.
Ce nouveau dispositif, qui doit concerner environ 20% des salariés du pays, représenterait un coût d'environ 800 millions d'euros en 2020 et devrait être financé à la fois par les entreprises et l'Etat français.
Selon les derniers sondages, les Français sont en grande majorité hostiles à cette réforme. Toutefois, cette défiance ne s'est pas traduite par une forte mobilisation sur le terrain, comme cela a pu être le cas en 2010, sous la précédente majorité.
Le 10 septembre dernier, malgré le mot d'ordre de grève de quatre syndicats français (CGT, FO, FSU et Solidaires), seuls 370.000 manifestants, selon la CGT, et 155.000, d'après la police, ont défilé dans les rues des grandes villes de l'Hexagone.