Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a entamé mercredi une visite au Moyen-Orient, 10e du genre depuis son investiture en mars dernier, dans l'espoir qu'Israël et la Palestine parviennent à un cadre pour un accord de paix final.
Ayant passé des mois d'intenses négociations avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien Mahmoud Abbas, M. Kerry espère que cette nouvelle tournée permettra de forger un cadre qui servirait de ligne directrice à un accord de paix final.
Le cadre convenu ne serait pas un document signé, mais aborderait toutes les questions fondamentales, y compris les frontières entre Israël et le futur Etat de la Palestine, le statut de la ville sainte de Jérusalem, la sécurité et les réfugiés palestiniens.
Aux dires de la porte-parole adjointe du département d'Etat américain, Marie Harf, M. Kerry cherche à réduire les écarts entre les positions des deux parties.
"Il s'agit seulement d'un cadre proposé à ce point (...) Ce cadre doit porter sur toutes les questions fondamentales", a-t-elle déclaré.
"Certains disent que ce serait un accord intérimaire. Non, ce n'est pas le cas. Il établirait les lignes directrices pour toutes les questions fondamentales qui font partie des négociations sur le statut final", a-t-elle poursuivi.
Les pourparlers de paix entre Israël et la Palestine ont repris sous le patronage de Washington en juillet dernier, et ont pour objectif de finaliser un accord d'ici la fin d'avril.
"Les pourparlers ont leur propre dynamique et aucune des deux parties ne veut être responsable de leur échec. Les deux côtés sont sur la corde raide et veulent que les négociations se poursuivent, alors qu'il y a encore cette volonté de continuer", a confié mercredi à l'agence Xinhua, Joshua Teitelbaum, professeur à l'Université Bar-Ilan.
"Les (deux) parties sont très éloignées et ce qui motive vraiment chaque côté dans la négociation n'est pas de parvenir à un accord de paix, mais plutôt d'éviter d'être tenu responsable de l'échec des négociations", a noté le professeur.
Pour sa part, Mohammed Dajani, professeur à l'Université Al-Quds de Jérusalem-Est, s'avère plus optimiste quant aux chances de réussite de M. Kerry.
"Je crois en sa détermination à garder le cap et le succès obtenu dans la gestion du dossier iranien est une bonne indication qu'il se dévoue pour accomplir ce que les autres ont abandonné. J'apprécie la façon dont il gère cette question", a-t-il dit.
M. Dajani estime également que la clandestinité des négociations est une stratégie intelligente, car cela ne donnera aucune chance à ceux qui cherchent à faire dérailler le processus de paix et saper ce qui a été accompli jusqu'ici.
"La clandestinité, comme ce fut le cas pour l'accord d'Oslo, est une nécessité dans ce dossier et les médias doivent être tenus à l'écart des négociateurs", a fait remarquer M. Dajani, faisant allusion au premier accord de paix signé entre Israéliens et Palestiniens il y a près de 20 ans.
Mardi, les politiciens israéliens et palestiniens ont élaboré les "lignes rouges" que leurs dirigeants n'oseraient jamais franchir en abordant la proposition de M. Kerry sur les lignes d'un accord de paix.
Dans son discours télévisé du Nouvel An, M. Abbas a déclaré qu'il "n'hésitera pas un instant à dire non, malgré la pression, à toute proposition qui contredit ou élude les intérêts nationaux de notre peuple".
Il a réitéré les demandes des Palestiniens pour un Etat sur le territoire occupé par Israël en 1967, ayant Jérusalem-Est comme capitale, et pour un règlement juste pour les réfugiés palestiniens.
De son côté, M. Netanyahu a souligné qu'un accord de paix israélo-palestinien est envisageable, en autant qu'il assure "les intérêts relatifs à la sécurité et aux colonies" d'Israël.
"La paix viendra seulement lorsque les intérêts relatifs à notre sécurité et à nos colonies seront assurés", a déclaré M. Netanyahu lors d'une conférence à Tibériade (nord).
M. Netanyahu a reporté mercredi l'annonce d'un plan de construction de plus de 1.000 nouveaux logements dans les colonies, une démarche visant à éviter de mettre le gouvernement israélien dans l'embarras à l'approche de la visite de M. Kerry.