La bande de Gaza a été le théâtre dimanche de la journée la plus sanglante depuis qu'Israël y a lancé son offensive il y a deux semaines, car plus de 100 Palestiniens ont été tués dans la seule journée de dimanche alors que l'armée israélienne a bombardé le quartier de Sheja'eya, le plus populeux de la ville de Gaza.
Des survivants de la zone sinistrée, qui se situe à moins de deux kilomètres de la frontière israélienne, ont indiqué que tout de suite après leur petit déjeuner du Ramadan samedi soir, une pluie d'obus a frappé le quartier. L'âcre odeur de poudre mélangée au sang a submergé les allées et les rues étroites, où des corps des femmes et d'enfants morts étaient étendus au sol.
Les équipes de sauvetage du Comité international de la Croix-Rouge et de la Société du Croissant-Rouge ont seulement été en mesure d'évacuer les victimes de Chajaya après que le Hamas et Israël ont accepté une fragile trêve humanitaire de deux heures dimanche après-midi.
Un porte-parole du ministère de la Santé à Gaza a fait savoir que les équipes de sauvetage et les ambulances ont réussi pour l'instant à transporter environ 70 corps, dont 18 enfants, 15 femmes et cinq hommes âgés, alors que d'autres personnes sont toujours prisonnières des décombres de leurs domiciles détruits. Parmi les morts se trouvent un photographe palestinien, un ambulancier et quatre membres de la famille de Khalil al-Hayya, haut responsable du Hamas.
Il s'agit du bilan de morts le plus lourd dans une unique bataille dans l'histoire des conflits entre Israël et les Palestiniens dans la bande de Gaza. Israël a fait la guerre à Gaza à deux reprises par le passé, l'une à fin 2008, l'autre en 2012.
L'armée israélienne a fait savoir qu'elle avait prévenu les résidents du quartier une journée à l'avance pour leur permettre d'évacuer leurs domiciles, mais plusieurs d'entre eux n'ont pas tenu compte de ces avertissements. Pourtant, Mohamed al-Harazeen, un survivant de 50 ans, a affirmé ne pas avoir été averti.
"Ma maison se situe sur la rue al-Mansoura dans le quartier de Sheja'eya, et c'est éloigné du lieu de l'opération. Je n'ai reçu aucun avertissement. Les familles qui ont reçu des avertissements et ont quitté leurs domiciles dans la soirée ont été lourdement frappées," a-t-il dit.
Des ambulances et des voitures de résidents se sont affairées pendant plus de 16 heures à envoyer des victimes à l'hôpital surpeuplé de Shiffa dans l'ouest de la ville de Gaza. Des corps de femmes et d'enfants ont été étendus sur des lits et au sol, sous les cris et les sanglots.
"J'ai toujours entendu parler de massacres à travers le monde et je n'en avais jamais vécu, mais cette fois c'était un vrai massacre et je l'ai vu de mes propres yeux", a indiqué M. Harazeen, blessé aux deux jambes.
Les tirs d'artillerie israéliens intensifs ont été lancés peu après que la branche armée du Hamas a revendiqué le meurtre de 13 soldats israéliens lors d'une embuscade tendue dimanche matin dans le quartier d'Attufah (sud). Outre les meurtres, les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé avoir enlevé un soldat israélien pendant l'embuscade et le garder en captivité. Les Forces de défense israéliennes ont indiqué plus tard qu'ils examinent le rapport et ne peuvent ni le confirmer, ni le nier. Mais une source militaire a confié à Xinhua que le solidat "enlevé" est déjà sur la liste des 13 soldats israéliens décédés.
L'opération militaire d'Israël sur Gaza a causé environ 450 morts palestiniens et plus de 3 040 blessés palestiniens ces deux dernières semaines. Un civil israélien et 13 soldats israéliens ont été tués alors que 65 autres ont été blessés.
Les efforts visant à établir une trêve entre Israël et les activistes de Gaza contrôlé par le Hamas sont toujours en cours, mais rien de positif n'a été atteint pour l'instant, après que le Hamas a rejeté l'initiative égyptienne d'accord de cessez-le-feu proposé il y a quelque jours.