Le règne controversé de huit ans du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki va toucher à son terme, alors que le président Fouad Masoum vient de nommer un nouveau Premier ministre, un choix applaudi par les Nations Unies et Washington mais boudé par le chef du cabinet sortant.
Son remplaçant, Haïdar al-Abadi, aura 30 jours pour former un nouveau gouvernement, qui est censé être plus inclusif et plus apte à mobiliser la nation pour affronter le groupe insurgé de l'Etat islamique (EI).
Cependant, le transfert de pouvoir ne se fera pas sans difficulté. M. Maliki a rejeté la nomination, la qualifiant de violation dangereuse de la Constitution du pays, et de "coup d'Etat" qui aura "des conséquences graves sur l'unité, la souveraineté et l'indépendance de l'Irak".
M. Maliki a confirmé que son bloc a intenté un procès judiciaire et qu'il possède toutes les preuves nécessaires pour prouver que son parti, la coalition de l'Etat de droit, est le plus grand bloc de la première session du Parlement et que c'est donc son parti qui a le droit de désigner le candidat à la tête du gouvernement.
"Une collaboration externe a été divulguée quand nous avons rejeté la violation de la Constitution. L'administration américaine a offert son soutien à ceux qui ont violé la Constitution", a dénoncé M. Maliki, accusant ses rivaux politiques de collaborer avec les Etats-Unis.
Les interventions de M. Maliki sont survenues après que le vice-président américain Joe Biden a téléphoné M. Abadi la veille pour transmettre les félicitations de l'administration du président Barack Obama à la nouvelle équipe de direction.
Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui aussi salué ce qu'il décrit comme "un mouvement en avant vers la formation du gouvernement en Irak", tout en appelant tous les dirigeants politiques à rester calmes.
Dans une déclaration publiée par son porte-parole, M. Ban s'est félicité de la décision du président irakien Masoum de mandater M. Abadi à former un nouveau gouvernement, et a encouragé ce dernier à "former un gouvernement largement représentatif, acceptable pour toutes les composantes de la société irakienne".
Des experts et des analystes de la région ont depuis longtemps remis en cause le gouvernement de Maliki, dominé par les chiites, pour leur parti pris qui défavorise la minorité sunnite, ce qui a attisé les tensions confessionnelles dans le pays.
Sur le champ de bataille, face à l'avancée des combattants de l'EI qui ont envahi de vastes territoires dans le nord et l'ouest de l'Irak, les avions américains ont effectué 15 frappes sur des cibles d'insurgés, sous l'aval du président Obama.
Les frappes aériennes américaines ont ralenti la progression des combattants islamistes, mais il est peu probable qu'elles n'affectent réellement les capacités globales de l'EI, ou les opérations de celui-ci dans d'autres régions de l'Irak et en Syrie, à en croire William Mayville, directeur des opérations à l'état-major interarmées américain.
Le général Mayville a indiqué que pour le moment, Washington n'a pas l'intention d'étendre la campagne aérienne au-delà de sa nature actuelle d'auto-défense.
"Nos opérations en cours en Irak sont limitées à la protection des citoyens et des installations américains, la protection des missions d'aide humanitaire aéroportée et à une contribution à la dissolution des forces de l'EI récalcitrantes dans les monts Sinjar", a précisé le général.