Future candidate du Parti Démocrate aux élections présidentielles américaines de 2016, l'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a récemment publié son autobiographie, intitulée « Le temps des décisions », où elle évoque ses quatre années de carrière diplomatique à ce poste lors du premier mandat de Barack Obama. L'ouvrage consacre deux chapitres aux relations avec la Chine, dont l'un met l'accent sur le sujet de la Mer de Chine Méridionale, et expose les intentions américaines dans cette zone.
En tant que partie prenante directe, Hillary Clinton décrit en détail comment les Etats-Unis ont mijoté les tenants et les aboutissants destinés à mettre la question de la Mer de Chine Méridionale sur le tapis, dont certains révèlent avec clarté et précision les attitudes et considérations américaines sur ce sujet.
La question de la Mer de Chine Méridionale est devenue un sujet si sensible ces dernières années que l'on ne peut pas ne pas mentionner que, le 23 juillet 2010, Hillary Clinton lança une attaque contre la Chine lors de la réunion des ministres des affaires étrangères du Forum régional de l'ASEAN. Le même jour, d'après un texte déjà préparé, Hillary Clinton, évoquant les relations entre les intérêts nationaux des États-Unis et la Mer de Chine Méridionale, a affirmé que ceux-ci avaient des « intérêts nationaux » dans le maintien de la liberté de navigation en Mer de Chine Méridionale, et que, dans cette zone, s'opposer aux « contraintes » veut dire s'y opposer éventuellement par l'usage de la force ou la menace de le faire. Ce discours d'apparence juste et équitable était en fait une attaque à peine déguisée contre la Chine qui, bien sûr, n'a pas manqué de s'y opposer. L'autobiographie d'Hillary Clinton à au moins le mérite de révéler et de décrire l'occasion qu'a constitué pour les Etats-Unis la réunion des ministres des Affaires étrangères du Forum régional de l'ASEAN pour lancer une attaque contre la Chine.
Premièrement, il faut bien comprendre que cette attaque n'est pas un caprice, mais qu'elle a été soigneusement planifiée. Avant la réunion, Hillary Clinton a spécialement convoqué la délégation des États-Unis pour discuter du prochain plan qui y serait dévoilé, passant plusieurs heures pour modifier les détails de la déclaration, et se mettant également d'accord avec d'autres pays pour coopérer les uns avec les autres, notamment en choisissant de discuter en premier de la question de la Mer de Chine Méridionale, d'abord proposée par l'entremise du ministre vietnamien des affaires étrangères, suivi par les ministres des autres pays exprimant leurs préoccupations les uns après les autres, et enfin par Hillary Clinton, amenée mécaniquement à prendre la parole « le moment venu ».
Deuxièmement, si les États-Unis ont pris avec un si grand soin ces dispositions, c'est afin de répondre à la soi-disant « attitude agressive » de la Chine. Pour Mme Clinton, c'est en 2009 que la diplomatie chinoise a changé de visage ; marquée jusque-là par la « retenue », elle a commencé à adopter un « comportement agressif » en Asie, et face à ce changement qui a « semé le trouble dans cette zone », « nous devions rechercher des façons de remédier à cette situation ». Et c'est ainsi que, a-t-elle écrit « j'ai pris l'avion pour Hanoi le 22 juillet 2010 pour assister à la réunion du Forum régional de l'ASEAN, qui était l'occasion que nous attendions ».