Capture d’écran de la chaine de télévision russe NTV montrant Eston Kohver. |
Depuis samedi, Eston Kohver, officier estonien, fait la une des médias russes, où il est apparu menotté et le visage fermé, escorté par des hommes des forces de sécurité russes masqués. Selon le FSB, le service de sécurité intérieure russe, ce policier estonien a été arrêté du côté russe de la frontière, où il a été inculpé d'espionnage, de passage illégal de la frontière et de transfert illégal d'armes. De son côté, Tallinn a accusé des inconnus « venus de Russie » d'avoir violé sa frontière pour enlever cet homme.
Cet incident a eu lieu deux jours après une visite historique de Barack Obama à Tallinn, à la veille du sommet de l'OTAN, qui visait à rassurer les pays baltes sur l'engagement des Etats-Unis à assurer leur sécurité. L'Estonie, qui a été, comme ses voisins baltes, la Lettonie et la Lituanie, sous la coupe de l'URSS pendant plus de 50 ans jusqu'à son effondrement en 1991, craint d'être la prochaine victime d'une agression russe, après l'annexion de la Crimée et alors qu'il semble certain, selon les Etats-Unis que des forces russes combattent aux côtés de la rébellion séparatiste dans l'est de l'Ukraine.
Selon l'Estonie, Eston Kohver, membre du service de sécurité intérieure estonien (KAPO), était responsable de la surveillance de groupes criminels qui organisent divers trafics de contrebande autour du poste-frontière de Luhamaa. Selon le parquet estonien, le fonctionnaire a été « enlevé de force, à main armée » au poste-frontière. Par ailleurs, le journal britannique The Guardian a publié des témoignages selon lesquels toute communication radio et téléphonique aurait été brouillée aux alentours du poste-frontière, avant qu'un commando ne fasse irruption dans le bâtiment, protégé par un écran de fumigènes, et emporte le policier.
Dans un premier temps, l'Estonie avait tenté de réagir prudemment à l'arrestation de l'officier, espérant que l'enlèvement était le fait de responsables locaux des forces de sécurité russes impliqués dans le trafic de contrebande. Mais depuis l'exhibition d'Eston Kohver devant les caméras russes, l'arrestation s'est transformée en une crise diplomatique ouverte. Le FSB a affirmé que l'officier estonien a été trouvé en possession « d'un pistolet Taurus, de munitions, de 5 000 Euros en liquide, d'équipement spécial pour des enregistrements audio secrets, et de documents qui portent la marque d'une mission d'espionnage ».Selon les services russes, l'homme s'attachait à recruter des agents russes lors de leur passage par la frontière. De leur côté, les autorités estoniennes affirment vouloir résoudre cette affaire directement, et ne souhaitent pas impliquer l'OTAN.