Le président du Yémen Abd-Rabbo Mansour Hadi a appelé mardi le groupe chiite houthi à rendre les institutions qu'il contrôle dans la capitale Sanaa, après une semaine d'affrontements meurtriers avec les troupes gouvernementales.
"Sanaa n'est pas tombée et elle ne sera pas monopolisée par qui que ce soit, donc nous appelons les houthis à rendre les institutions de l'Etat qu'ils contrôlent aux autorités", a déclaré M. Hadi lors d'une conférence de presse au palais présidentiel à Sanaa, deux jours après l'invasion de la capitale par les rebelles.
"Ce qui s'est passé à Sanaa est une conspiration prévue à l'avance par différentes parties à l'intérieur et à l'étranger et qui dépasse les frontières de notre pays", a-t-il lancé.
Le président s'est engagé à faire tous les efforts pour garantir la stabilité et la sécurité dans le pays.
Le discours du président intervient deux jours après que son administration ainsi que les autres parties ont signé un accord de cessez-le-feu avec le groupe houthi.
L'accord a été signé après une semaine d'affrontements meurtriers entre rebelles et troupes gouvernementales soutenues par les milices sunnites, affrontements qui ont coûté la vie à plus de 400 persones, dont 50 civils.
Les deux parties ont convenu d'un cessez-le-feu immédiat à Sanaa, de la nomination d'un Premier ministre dans la semaine, de la formation d'un gouvernement technocrate dans un mois ainsi que de la baisse des prix de l'essence.
L'accord donne un certain pouvoir aux rebelles houthis dans la mesure où il permet au groupe de jouer un rôle important pour former un cabinet et déterminer le futur contrôle de l'armée.
Le groupe houthi a cependant refusé de signer un annexe de sécurité qui exigeit qu'ils remettent des villes dont ils ont pris le contrôle dans les semaines passées, et qu'ils retirent leurs combattants de tous les quartiers de Sanaa et mettent fin immédiatement aux manifestations.
L'ancien Premier ministre Mohamed Basindawa a démissioné de son poste dimanche après-midi, quelques heures avant la cérémonie de signature de l'accord.
Les combattants houthis ont renforcé leur contrôle sur une majeure partie de la capitale Sanaa suite à la signature de l'accord. Le groupe a déployé des combattants pour monter la garde devant la plupart des institutions gouvernementales et établir des points de contrôle dans la ville.
Les rebelles ont également envahi les casernes de la Première division blindée, déplaçant lundi des tanks et d'autres équipements militaires en dehors de Sanaa et occupant la maison du commandant de la division, le général Ali Mohsen al-Ahmar, qui avait combattu contre les rebelles dans le nord du pays pendant des années.
Des centaines de rebelles se sont rassemblés mardi sur la place Tahrir, un symbole de la révolution, au centre-ville de Sanaa, célébrant leur victoire et regardant des écrans géants où était diffusé en direct un discours du dirigeant du groupe, Abdul Malik al-Houthi.
Les affrontements ont forcé des centaines de personnes vivant au nord-ouest de Sanaa à fuir leurs maisons vers des quartiers plus au sud ou vers d'autres provinces. Des centaines de civils ont été blessés et de nombreuses maisons ont été détruites.
Les écoles sont fermées depuis dimanche. Les personnes résidant au nord de Sanaa n'ont pas eu accès à l'électricité et à l'eau pendant une semaine.