Barack Obama et Raúl Castro en 2013. |
Ce qui s'est passé aujourd'hui restera sans doute une des moments les plus marquants de la présidence de Barack Obama : des responsables américains ont annoncé mercredi que les États-Unis vont rétablir des relations diplomatiques complètes avec Cuba et ouvrir une ambassade à La Havane pour la première fois en plus d'un demi-siècle, après la libération d'un contractant américain emprisonné depuis cinq ans.
Dans le cadre d'un accord négocié pendant 18 mois de tractations secrètes organisées en grande partie par le Canada et encouragées par le Pape François, qui a accueilli une réunion finale au Vatican, le président Obama et le président cubain Raúl Castro se sont entendus lors d'un appel téléphonique pour mettre de côté des décennies d'hostilité et ouvrir de nouvelles relations entre les Etats-Unis et la nation insulaire située à seulement 170 km au large des côtes américaines.
« Nous allons mettre fin à une approche dépassée qui pendant des décennies n'a pas fait progresser nos intérêts et à la place nous allons commencer à normaliser les relations entre nos deux pays », a déclaré M. Obama dans une déclaration télévisée dans tout le pays depuis la Maison Blanche. L'accord « commence un nouveau chapitre parmi les nations de l'Amérique » et va au-delà d'une « politique rigide enracinée dans des événements qui ont eu lieu avant que la plupart d'entre nous ne soient nés ».
Alan P. Gross, 65 ans, contractant du gouvernement américain, avait été arrêté le 3 décembre 2009. Il était à Cuba en tant que représentant de l'Agence américaine pour le développement international fournissant du matériel de communication à des groupes religieux. Cuba avait condamné M. Gross à 15 ans pour avoir participé à un complot visant à « détruire la révolution ». Les responsables américains ont déclaré que des espions cubains ont été échangés contre des un agent de renseignement américain emprisonné depuis près de 20 ans, et a déclaré que M. Gross ne faisait pas techniquement partie de l'échange, mais a été libéré séparément sur des « motifs humanitaires ».
En outre, les États-Unis vont assouplir les restrictions sur les transferts, les voyages et les relations bancaires, et Cuba va libérer 53 prisonniers cubains identifiés comme des prisonniers politiques par le gouvernement des Etats-Unis. Bien que l'embargo américain sur Cuba, vieux de plusieurs décennies, restera en place pour l'instant, l'administration américaine a toutefois signalé qu'elle souhaitait une décision du Congrès pour l'alléger, voire le supprimer, en fonction de la volonté des législateurs.