Samedi, le jour même où trois nouveaux attentats ont ensanglanté le nord-est du Nigeria, faisant au moins 58 morts Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste nigérian Boko Haram, a annoncé avoir fait allégeance au mouvement djihadiste Etat Islamique. Cette déclaration a été faite dans un enregistrement audio de huit minutes, diffusé sur le compte Twitter de Boko Haram, trois semaines avant la présidentielle nigériane que les extrémistes islamistes menacent de perturber.
Dans ce message, dont la voix qu'on y entend a été identifiée comme étant celle du chef de Boko Haram, Abubakar Shekau dit « Nous annonçons notre allégeance au calife des musulmans, Ibrahim ibn Awad ibn Ibrahim al-Husseini al-Qurashi », chef de l'Etat Islamique. Mais, à la différence des messages précédents, où Shekau est habituellement visible dans les messages qu'il diffuse, la plupart du temps en gros plan, il s'agit cette fois d'un simple enregistrement audio accompagné d'une image représentant un micro.
Dans son message, Abubakar Shekau s'exprime en arabe, sous-titré en français et en anglais. Cette allégeance n'est qu'une demi-surprise, car le chef terroriste avait déjà évoqué al-Baghdadi dans ses vidéos mais sans jamais annoncer formellement ce ralliement ; cependant, ces derniers mois, il y avait clairement eu des signes de rapprochement entre le groupe nigérian et l'EI : ainsi a-t-il proclamé un « califat » dans les zones passées sous contrôle islamiste en août dernier, comme Gwoza dans l'Etat de Borno (nord-est), sans parler des modes de communication, les vidéos de Boko Haram se mettant à ressembler de plus en plus à celles de la propagande de l'EI.
Cette annonce arrive alors que Boko Haram semble être mis en difficulté par l'armée nigériane qui, avec l'aide de ses alliés tchadien, nigérien et camerounais, a repris aux islamistes plusieurs villes stratégiques, tandis qu'ils rassemblaient cette semaine des troupes dans leur fief de Gwoza, tout en poursuivant les massacres de civils. Depuis 2009, l'insurrection islamiste et sa répression par les forces de l'ordre nigérianes ont fait plus de 13 000 morts.