Le G5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie et Allemagne) et l'Iran sont parvenus jeudi à Lausanne, en Suisse, à un compromis sur le programme nucléaire iranien, compromis qualifié par des observateurs de "percée sur un chemin difficile".
Après une décennie de crise, plusieurs rounds de discussions et deux dates butoir non respectées, l'Iran et les grandes puissances du G5+1 qui négocient sous l'égide de la diplomatie de l'Union européenne, se sont fixés comme échéance fin mars pour cette entente.
Les Américains et les Iraniens ont accéléré le rythme de leurs discussions. Rien que depuis le début de cette année et rien qu'en Suisse, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, se sont rencontrés plusieurs reprises à Genève, à Zurich, en marge de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, à Montreux et à Lausanne, car ils font face à un dossier épineux marqué par leurs profondes divergences.
Côté américain, la réduction du nombre de centrifugeuses constitue un des noeux principaux du dossier nucléaire iranien. Les centrifugeuses permettent d'enrichir l'uranium qui peut ensuite être utilisé pour alimenter une centrale civile ou servir à fabriquer une bombe atomique. Lors des premières négociations entre les Occidentaux et les Iraniens en 2003, l'Iran disposait seulement de 160 centrifugeuses, contre, selon des certaines sources, près de 20.000, dont 9.000 sont en activité aujourd'hui.
De plus, les sites d'enrichissement iraniens notamment de Natanz, Fordow et Arak et leur contrôle, ainsi que la question du stock d'uranium font l'objet de la pression de Washington.
Côté iranien, Téhéran ne renonce jamais son droit à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. En Iran, l'énergie nucléaire est considérée comme nécessaire pour une nation s'industrialisant rapidement et une population à forte croissance démographique. L'Iran estime aussi qu'elle a le droit légal d'enrichir l'uranium pour des utilisations pacifiques sous les termes du Traité de non-prolifération.
Quant aux sanctions occidentales contre Téhéran, l'Iran en réclame une levée immédiate et totale, mais les Occidentaux insistent sur une levée graduelle de ces sanctions, ce qui a provoqué le mécontentement de l'Iran.
Le vice-président iranien et chef de l'Organisation de l'énergie atomique, Ali Akbar Salehi, a récemment déclaré à la presse que pour le programme nucléaire iranien, les questions techniques, juridiques et politiques sont liées entre elles. Cela veut dire qu'on ne peut régler les questions techniques mais que les questions politiques comme les sanctions restent sans réponse. Il n'y a pas d'accord tant qu'il n'y a pas accord sur tous les sujets, a-t-il souligné.
Lors de ses récentes conversations téléphoniques avec ses homologues russe et français Vladimir Poutine et François Hollande, le président iranien Hassan Rohani a souligné la nécessité du respect mutuel et mis l'accent sur la levée totale des sanctions en la qualifiant comme la plus importante étape pour trouver une solution définitive.
Bien que le G5+1 et l'Iran soient parvenus à un consensus sur le nucléaire iranien après les discussions intenses et difficiles, il reste encore un long chemin à parcourir pour mettre réellement fin au discorde, vu la position des Républicains qui dominent le Congrès américain, l'attitude des faucons iraniens et la réaction complètement négative d'Israël et certains pays du Golfe vis-à-vis à cet accord.
Selon les observateurs, l'entente que les Américains et les Iraniens ont obtenue à Lausanne est une percée sur un chemin difficile, mais l'application de ce compromis demande encore la patience, l'intelligence et la confiance des deux parties.