2015, année faste pour les ventes d'armes françaises

( Source: le Quotidien du Peuple en ligne )

16.04.2015 08h46

Il y a quelques jours, le Président français François Hollande à Paris et le Premier ministre indien Narendra Modi ont conclu un accord portant sur la livraison à l'Inde fournira 36 chasseurs Rafale fabriqués par le constructeur français Dassault, pour une valeur totale de 4 milliards d'Euros. Les contrats connexes et les conditions de livraison sont actuellement en cours de discussion.

Pour la France et ses marchands d'armes, c'est une nouvelle bienvenue. En février déjà, la France avait signé un contrat avec l'Egypte pour 24 chasseurs Rafale, une frégate et un certain nombre de missiles, d'un montant total de 5,2 milliards d'Euros.

Le chiffre d'affaires qu'apportent ces deux contrats (9,2 milliards d'Euros) est d'ores et déjà supérieur aux 8,06 milliards d'Euros d'exportations d'armes de la France l'an dernier, sans parler des 6,87 milliards d'Euros enregistrés en 2013. Cela fait de la France le troisième plus grand exportateur d'armes au monde. Et pour les exportations d'armes françaises de cette année, ce n'est qu'un début. La France est déjà entrée en contact avec les Emirats Arabes Unis pour discuter d'un troisième contrat d'exportation d'armes cette année. Le matériel reste toujours le chasseur Rafale, mais le montant précis n'a pas été divulgué. Selon certains articles de presse, le Qatar serait également en train de négocier avec l'achat de 24 chasseurs.

Pourquoi ces pays portent-ils un tel intérêt au Rafale ? Cet avion appartient à une catégorie de chasseurs se situant entre la 4e et la 5e génération. Il possède à la fois des capacités offensives et défensives, des systèmes électroniques de pointe, une forte endurance, mais son prix est beaucoup plus faible que les chasseurs de cinquième génération pure, seulement 110 millions d'Euros par avion. Pour les pays du Golfe et les d'Asie de l'Ouest à la recherche de produits à la fois de bonne qualité et d'un prix attractif, il possède sans aucun doute un grand attrait.

Les remarquables exportations d'armes françaises de cette année sont également liées à la crise au Moyen-Orient. L'Egypte espère que ses achats d'armes conséquents lui permettront de renforcer ses forces de défense nationales et maintenir la stabilité régionale. Quant aux Émirats Arabes Unis, au Qatar et à l'Arabie Saoudite, ils coopèrent activement dans les frappes aériennes contre les rebelles Houtis au Yémen. Ils ont donc un besoin urgent d'avions de pointe pour renforcer leurs forces aériennes. Ces facteurs ont fortement stimulé les exportations d'armes de la France.

Cependant, ces performances de la France à l'exportation ne laissent pas d'inquiéter ceux qui, dans le monde, sont épris de paix : tant d'équipements lourd exportés vers le Moyen-Orient où les feux de la guerre se multiplient, ne risquent-elles pas de rendre la situation encore plus confuse ? Tant de civils innocents sont tués ou blessés par ces avions ou projectiles d'artillerie, qui en est vraiment responsable ? En fait, les bons offices de la médiation dans les conflits ethniques et religieux qui déchirent la région sont la meilleure politique permettant d'étouffer les flammes de la guerre. Continuer de livrer des armes au Moyen-Orient aura l'effet inverse.

S'agissant de la commande de l'Inde de 36 chasseurs Rafale français, il y a un point notable : l'Inde a demandé à la France de lui fournir des avions « prêts à voler ». Pourquoi l'Inde est-elle si pressée d'obtenir ces avions ? Cela rappelle un autre contrat de ventes d'armes, signé par la France avec la Russie en 2011 et portant sur la livraison de deux navires d'assaut amphibie de classe Mistral. Selon l'accord initial signé par les deux parties, la France devait livrer le premier navire de guerre baptisé Vladivostok à la Russie à la mi-novembre de l'année dernière. Cependant, le gouvernement français, prenant la question de l'Ukraine comme prétexte, a reporté le délai de livraison sine die.

Cette approche a constitué un rude coup pour la réputation des entreprises françaises, qui a pu faire douter de la réception en temps opportun des marchandises après la signature du contrat avec la France. Il est donc très probable que l'Inde, sur la base de ces considérations, ait souhaité obtenir la livraison des marchandises au plus vite, afin de se prémunir contre tout revirement éventuel.

Cela veut dire que si la France souhaite que ses ventes d'armes soient toujours florissantes, la bonne foi s'impose. Les navires de guerre vendus à la Russie devraient être livrés au plus vite. Car à trop vouloir lâcher la proie pour l'ombre, on détruit sa propre crédibilité.

Ren Yaqiu