Dans la nuit du 18 au 19 avril, un bateau chargé de plus de 800 immigrants clandestins a chaviré en mer Méditerranée. Le 21, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a confirmé que l'accident a causé la mort de plus de 800 personnes. D'après les garde-côtes italiens de la Sicile, seules 28 personnes ont pu être secourues. Puis, le 20 avril, une nouvelle est arrivée de Grèce, annonçant le naufrage le même jour d'un bateau transportant environ 200 immigrants dans les eaux situées au large de l'île de Rhodes, à environ 400 km au Sud-est d'Athènes, lors duquel seulement 83 personnes ont été sauvées. La plupart d'entre elles étaient des réfugiés syriens. Ces deux grands naufrages de navires transportant des immigrants en l'espace de trois jours ont choqué le monde.
A la suite de ces drames, l'Organisation des Nations Unies et d'autres organismes ont instamment demandé à l'UE d'agir rapidement. Le 20 avril, 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE ont tenu une réunion d'urgence avec les ministres de l'Intérieur à Luxembourg pour discuter de contre-mesures. Lors de la réunion, la Commission européenne a proposé un plan d'intervention d'urgence contre les naufrages en 10 points, qui a obtenu l'appui des ministres présents à la réunion.
Comme nous le savons tous, les pays d'Europe du Sud comme l'Italie et la Grèce sont l'un des canaux principaux d'accès à l'Europe pour les immigrants illégaux des pays d'Afrique et du Moyen-Orient. Ils essaient, poussés par des passeurs, de traverser la Méditerranée depuis l'Afrique du Nord pour arriver en Europe du Sud. Les bateaux de contrebande sont souvent très surchargés, ce qui fait que chaque année, nombre d'entre eux chavirent. Selon les statistiques du HCR, depuis le début de l'année, un total de 35 000 immigrants illégaux sont arrivés par bateau en Europe du Sud et 1 600 personnes ont été portées disparues lors de ces passages. Selon des articles de presse, de 1990 au début de 2013, 8 000 personnes environ ont perdu la vie en traversant le détroit de Sicile.
Face à ces chiffres effarants, on ne peut que se demander qui est responsable de ces tragédies en Méditerranée ? Les trafiquants ? Oui, à l'évidence. Voir des gens organiser l'immigration clandestine en se faisant de l'argent sur le dos des gens est inadmissible. Ce sont des profiteurs de guerre qui exploitent le chaos en Libye et au Moyen-Orient. Ils envoient des gens en si grand nombre qu'ils dépassent les capacités de charge des navires, et que ces malheureux partent au péril de leur vie. Ces personnes devraient être condamnées et punies.
Que dire des passagers clandestins ? Victimes de tortures, de la guerre et de la pauvreté, ils veulent vivre une vie plus heureuse en Europe. Ces personnes savent que ce qu'elles font est illégal, elles savent aussi qu'il y aura des risques en mer, et que beaucoup de gens se sont déjà noyés. Mais malgré tout, ils montent encore résolument à bord de ces bateaux.
Et les garde-côtes italiens ? Ces derniers temps, ils ont vraiment relâché leurs opérations de surveillance et de sauvetage dans le détroit de Sicile. Ce n'est seulement que quand les bateaux arrivent dans leurs propres eaux territoriales qu'ils tentent, passivement, d'empêcher l'immigration illégale. Cette attitude passive est liée aux accusations antérieures dont ils ont fait l'objet. Certains pensent en effet que leurs opérations de surveillance et de sauvetage, certes bonnes, n'ont fait qu'encourager davantage encore d'immigrants illégaux à affluer vers l'Europe.
La sagesse populaire dirait que les plus grands coupables de cette tragédie sont la guerre ou les troubles intérieurs qui minent le Moyen-Orient et l'Afrique. Depuis qu'elle a éclaté en 2011, la guerre en Libye n'a jamais cessé. Le régime de Kadhafi a d'abord été renversé. Puis les différentes parties ont commencé à se battre entre elles. La Libye est maintenant un territoire où se trouvent deux parlements et deux gouvernements. Ils ont chacun leurs propres forces militaires qui les soutiennent, et les différentes factions armées s'affrontent fréquemment. Aujourd'hui encore, la Libye ne possède toujours pas une armée et une police uniformes et professionnelles. Qu'on y songe : même si un grand nombre de personnes affluent vers les plages de Libye avec l'intention de partir, qui aura le pouvoir et les capacités de les arrêter ?
Parmi ces immigrants clandestins, nombre sont des réfugiés en provenance de Syrie. Leurs maisons ont été détruites, ils ont perdu leurs terres, leur logement et leur travail. Leurs enfants n'ont nulle part où aller à l'école, ils ont souvent faim. Si on ne leur permet pas d'aller vers l'Europe riche, où iront-ils ?
De nombreux pays occidentaux négligent la situation des pays de la région du Moyen-Orient, ils interviennent de façon aveugle dans les affaires intérieures d'autres pays, et incitent l'opposition de certains pays arabes à affronter leurs gouvernements. Le résultat en a été des troubles intérieurs, conduisant à des guerres sans fin, la misère pour les peuples, la fuite d'un grand nombre de réfugiés, et une occasion en or offerte à l'expansion de l'extrémisme religieux. On peut dire que, s'agissant des fréquents naufrages que la Méditerranée connait aujourd'hui, l'Occident est responsable.
En Occident, ceux qui ont un minimum de perspicacité soulignent que la seule façon efficace d'empêcher l'arrivée d'immigrants du Moyen-Orient et d'Afrique en Europe est d'assurer la stabilité de la Libye. En particulier, soulignent-ils, la Grande-Bretagne, la France et d'autres pays, après avoir chassé Kadhafi, ont laissé ce pays plongé dans le désordre. L'Europe doit donc aider la Libye à se reconstruire.
Ce n'est que lorsque la guerre et la pauvreté auront disparu du Moyen-Orient et d'Afrique que la Méditerranée redeviendra calme, et que cette immigration cessera d'être un casse-tête pour l'Europe.