Mme Yong Soo Lee, une des survivantes des « femmes de réconfort » de l'armée japonaise. |
Yong Soo Lee a 86 ans. C'est l'une des dernières survivantes de ce qu'on a appelé les « femmes de réconfort », des dizaines de milliers de Coréennes et de Chinoises qui furent enlevées jeunes et contraintes à servir de main-d'œuvre agricole et d'esclaves sexuelles aux soldats japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Mme Lee est en elle-même un témoignage vivant d'un épisode honteux et controversé de l'histoire japonaise, un de ceux que Shinzo Abe a été accusé d'avoir tenté de minimiser l'importance.
Lors de la visite du Premier ministre japonais, Mme Lee devrait assister à un rassemblement devant le Capitole, puis assister au discours de M. Abe depuis la galerie en tant qu'invité de Michael M. Honda, représentant démocrate de Californie, un sino-américain qui s'est fait l'avocat de la cause des femmes de réconfort. « Je suis une victime, une survivante et un témoin de ce que l'armée japonaise a fait », a déclaré Mme Lee dans un communiqué traduit par courriel.
Les défenseurs de cette cause veulent que Shinzo Abe reconnaisse pleinement et s'excuse pour le traitement de ces femmes par le Japon, mais il n'a guère semblé vouloir aller dans ce sens lors du point de presse à la Maison Blanche mardi. Son discours de mercredi sera le premier d'un Premier ministre japonais devant une session conjointe du Congrès depuis la Seconde Guerre mondiale.
Interrogé pour savoir s'il présenterait des excuses, M. Abe a dit qu'il était « profondément attristé » par le traitement de ces femmes, mais qu'il n'avait pas l'intention de revoir la position connue comme Déclaration de Kono. «Je suis profondément peiné de penser aux femmes de réconfort qui ressentent une douleur incommensurable et souffrent du fait d'avoir été victimes d'une traite des êtres humains », a déclaré M. Abe par l'entremise d'un traducteur. « C'est un sentiment que je partage aussi avec mes prédécesseurs ».
En vertu de la Déclaration de Kono de 1993, le Japon a reconnu que son armée était « directement ou indirectement » impliquée dans la création de « stations de confort », et que « dans de nombreux cas » les femmes ont été recrutées contre leur gré, mais M. Abe a été accusé d'avoir tenté d'apaiser les nationalistes japonais en assimilant ces stations à des maisons closes. « J'espère vraiment qu'il va utiliser cette occasion pour en dire plus lors de son discours », a déclaré Mme Lee, qui fut professeur d'histoire de l'art. « Parce que nous voulons aller de l'avant. Je suis un peu malade et fatiguée de faire la même demande. Je veux vraiment passer à autre chose », a-t-elle dit, doutant cependant de la sincérité du Premier ministre japonais.