La proposition de la Commission européenne d'instaurer la politique de quotas face à l'afflux de migrants en Méditerranéen, ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique française.
Si François Bayrou est favorable à son application, l'ex-président Nicolas Sarkozy et le Premier ministre Manuel Valls se disent opposer à ce projet de quotas. Un rejet qui s'explique par des problèmes politiques internes, selon les spécialistes des migrations.
Présentée le 13 mai, la proposition de la Commission européenne de répartir le nombre de demandeurs d'asile, sous forme de quotas, entre les 28 pays de l'UE est diversement appréciée par les politiques en France.
Ainsi le centriste, François Bayrou, est en phase avec Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne dans son projet d'instauration de quota d'accueil obligatoire aux pays de l'UE.
"Sur le principe oui, (je suis pour les quotas), parce qu'on ne peut pas laisser l'Italie et la Grèce exposés toutes seules en première ligne à ses vagues de migrants qui viennent de pays où, nous - la France en particulier - avons semé un tel chaos et nous n'avons rien fait pour que ce chaos retrouve un ordre minimal", a déclaré M. Bayrou, président du Modem sur BFMTV.
Pour Jean-Luc Mélenchon, qui a vivement critiqué la Commission européenne, l'UE doit réfléchir et trouver des solutions à cet afflux de migrants dont elle est le principal responsable, au lieu de compter sur les quotas pour régler le problème.
"C'est la politique de l'UE qui provoque des déplacements massifs de la population. Actuellement se combine les guerres, les famines et c'est ça qui provoque l'immigration massive. Nous avons une part de responsabilité car les politiques économiques de l'Europe massacrent les économies locales. Donc, on ne peut pas compter sur les quotas et les noyades pour régler le problème", a déclaré M. Mélenchon, responsable du Front de gauche, au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
Moins tranchés que Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sarkozy s'inscrit pourtant dans la même lancée. Il s'oppose au projet de quota et plaide pour un Schengen 2.
"Il faut réformer Schengen et créer Schengen 2, changer les conditions d'accueil des migrants et, ensuite définir les conditions de la solidarité (...) On ne peut pas continuer comme ça. On ne peut pas accueillir des gens qu'on ne peut plus intégrer. C'est un problème considérable qui interpelle les principes les plus profonds de la République", a déclaré le président de l'UMP lors d'un meeting selon la presse.
Quant au Premier ministre, M. Valls, il dit également être opposé à la politique de quota.
"Je suis contre l'instauration de quota de migrants. Ceci n'a jamais correspondu aux propositions françaises. En revanche, l'Europe doit avoir une politique de l'asile", a déclaré M. Valls à la presse, lors d'une récente visite dans les Alpes-Maritimes.
M. Valls a ajouté que "ce que la France dit, c'est que les réfugiés doivent être répartis entre les Etats membres de façon plus équitable. Aujourd'hui la France, l'Italie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède accueillent 75% des réfugiés, des demandeurs d'asile en Europe".
Selon Mamadou Dème, sociologue des migrations, la position de Manuel Valls ainsi que celle de Nicolas Sarkozy s'explique par une logique électoraliste.
"C'est des positions qui ne sont pas claires. Il y a un problème politique interne en France qui fait que la gestion de la question des étrangers est complexe. Aujourd'hui on va vers des élections importantes notamment les régionales et la présidentielle dans deux ans. Donc, les politiques tiennent compte de leur électorat en abordant les questions liées à l'immigration", a expliqué le spécialiste à Xinhua.
M. Dème a rappelé en guise d'exemple que M. Valls, alors candidat en 2011 aux primaires socialiste, était favorable aux quotas.
La montée de l'extrême droite en Europe explique également la prudence qu'adoptent certains Etats quand il s'agit de prendre position sur l'immigration.
Car, "l'extrême droite est parvenue à dicter l'agenda en matière de politique d'asile et d'immigration. Et les Etats souvent, n'osent plus avoir une politique progressiste et humaniste en matière d'immigration de peur d'alimenter le Front national", a expliqué dans une interview à Xinhua, François Gemenne, spécialiste des migrations.
Marine Le Pen, la présidente du FN, a d'ailleurs, exprimé la position de son parti sur la question du quota : "le FN refuse catégoriquement toute idée de quotas de migrants et demande aux autorités françaises d'agir maintenant en toute urgence pour faire face à la déferlante migratoire", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
La proposition de quotas sera soumise aux ministres de l'Intérieur de l'UE le 15 juin puis aux dirigeants, le même mois, lors du sommet de Bruxelles.