L'avenir de la SNCF, service public qui gère le réseau ferroviaire français, est actuellement à l'étude suite à la remise ce mardi d'un rapport de la Commission sur l'avenir des trains d'équilibre du territoire au gouvernement français.
L'une des mesures préconisées par la Commission présidée par Philippe Duron est d'ouvrir les trains de nuit à la concurrence : "L'Etat attribuerait des contrats de service public après mise en concurrence". L'objectif est d'aller plus loin puisque le rapport mentionne une privatisation des lignes de nuit "dans un premier temps", puis "dans un second temps, sur certaines lignes de jours, selon des modalités à définir". Seules quatre lignes ayant une "utilité sociale" seraient conservées.
Les 34 lignes d'équilibre du territoire (TET) sont également dans la ligne de mire de la commission. Avec 31,5 ans de moyenne d'âge, le matériel est vétuste et le réseau subit de nombreux dysfonctionnements. Le succès des lignes TGV (Train à Grande Vitesse) et TER (Transport Express Régional) nuisent à leur rentabilité. Avec 100 000 usagers journaliers, les lignes TET sont en déficit : 340 millions de pertes en 2014 et 500 millions anticipés pour 2025.
La commission recommande d'augmenter les fréquences de passage d'une dizaine de ligne - ou tronçons - à fort potentiel (Paris-Clermont-Ferrand, Nantes-Lyon) et de supprimer les moins utilisées telles que Bordeaux-Toulouse, Marseille-Nice ou encore Quimper-Nantes.
S'appuyant sur la libéralisation du transport en car validée par le Sénat le 9 avril dernier dans le cadre de la loi Macron pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, la commission Duron propose de remplacer certains trajets tels que Paris-Montargis, Clermont-Béziers ou encore Toulouse-Hendaye par des trajets en cars.
Les syndicats ont d'ores-et-déjà condamné le rapport, le qualifiant "d' inacceptable". Cécile Duflot, ancienne ministre de l'Egalité des territoires et du Logement du gouvernement Hollande est opposée à la suppression des lignes TET et renvoie l'Etat français et la SNCF à leurs responsabilités : "On ne peut pas organiser la baisse de fréquentation de lignes par de mauvaises conditions de voyage et ensuite les supprimer", ajoutant qu'une telle mesure n'est pas bonne "pour des raisons écologiques et pour des raisons d'égalité des territoires".
Enfin, la commission préconise une réduction du déficit de la SNCF notamment causé par les difficultés de rentabilisation des lignes TET, atteignant 380 millions d'euros en 2016, soit 70 millions de moins que prévu. Le budget alloué au remplacement du matériel serait de près de 3 milliards d'euros d'ici 2025, quasiment un milliard de moins qu'anticipé.