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La politique d'Abe est un "vrai risque" pour les intérêts à long terme du Japon, dit un ex-diplomate britannique

( Source: Xinhua )

17.06.2015 08h18

Un ex-ambassadeur britannique au Japon a exprimé dans un article ses préoccupations concernant le parti Libéral-démocrate (LDP), au pouvoir au Japon, et dont les dirigeants risquent de menacer les intérêts nationaux à long terme de ce pays par des politiques susceptibles de mener à un régime plus autoritaire et nationaliste.

Hugh Cortazzi, ambassadeur britannique à Tokyo de 1980 à 1984, a déclaré dans un article publié dans le Japan Times, magazine anglophone indépendant, que l'administration Abe accentuait sa pression sur les médias pour qu'ils soutiennent sa politique.

"La chaîne NHK, qui devrait être indépendante, est devenue un relais du gouvernement. Le système de kisha club (clubs de presse), utilisé pour transmettre les informations officielles au média, a été utilisé pour encourager l'autocensure avec la menace implicite d'être privé d'accès à ce système. La vendetta contre l'Asahi Shimbun semble avoir été au moins partiellement victorieuse", observe M. Cortazzi.

L'éditorialiste a dénoncé la célèbre Loi de secret spécial entrée en vigueur en 2013 et adoptée "sans le débat législatif nécessaire, alors qu'elle contient des dispositions qui peuvent être utilisées pour limiter la liberté d'expression".

"Toute personne familiarisée avec la manie de l'espionnage du Japon d'avant-guerre ne peut qu'être inquiet des dangers que comporte ce texte de loi", a-t-il ajouté.

L'ex-ambassadeur a dénoncé le révisionnisme du Premier ministre en matière historique comme "une cause majeure de préoccupation".

Il a souligné que les faits concernant le Massacre de Nanjing Massacre, les "femmes de réconfort" et les esclaves morts au travail dans la construction de la ligne de chemins de fer entre la Birmanie et le Siam, n'avaient pas été oubliés par les pays victimes, "même si les manuels scolaires Japonais ne les mentionnent pas".

"Alors qu'approche le 70ème anniversaire de la fin de la guerre, toute tentative de M. Abe pour atténuer les déclarations de Murayama et de Kono ou pour nier des faits historiques sera négative pour la réputation du Japon dans le monde et pour les intérêts nationaux du Japon", a commenté M. Cortazzi.

Dans l'article intitulé "Est-ce que le Japon répètera les erreurs passées?", il a conclu qu'une "répétition des événements des années 1930 est inconcevable mais la politique de Tokyo peut inquiéter ceux comme nous qui admirent la culture japonaise et possèdent de nombreux amis japonais".

M. Cortazzi a écrit cet article au moment où le Premier ministre japonais Abe cherche à faire passer une série de projets de loi sur la sécurité autorisant les Forces d'autodéfense (SDF) d'exercer le droit de défense collective, mais environ 98% des spécialistes de la constitution du pays ont déclaré que ces projets de loi sont "anticonstitutionnels", car la Constitution pacifiste du Japon interdit aux SDF de recourir à la défense collective.

"Si l'administration Abe force cette politique sans amender la constitution, ce sera le début de la tyrannie, à savoir la destruction de l'état de droit", a affirmé Setsu Kobayashi, professeur émérite à l'université de Keio et expert de la constitution japonaise, lundi lors d'une conférence de presse.

M. Kobayashi a déclaré lors d'une récente session de la Diète que les projets de loi sont "anticonstitutionnels", et un autre expert de la constitution, Yasuo Hasebe, professeur de droit constitutionnel à l'école de droit de Waseda, a fait la même déclaration au parlement et a été accusé par des députés du LDP de ne pas être un expert de la sécurité nationale.

M. Hasebe a contré ces critiques et s'est défendu en soulignant: "Si je dis ce qui est en accord avec l'intérêt du gouvernement, ils disent que je suis un expert. Et si je dis quelque chose qui va à l'encontre de l'intérêt du gouvernement, ils prétendent que je ne suis pas un expert. C'est vraiment stupéfiant".

M. Hasebe a témoigné en faveur de la promulgation de la Loi spéciale sur la protection des secrets d'Etat en 2013 et était alors considéré comme un expert de la sécurité nationale par le parti au pouvoir.  

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