Le gouvernement japonais a publié mardi l'édition 2015 du Livre blanc sur la défense, dont une portion importante a été consacrée à l'accusation de la soi-disant "menace militaire chinoise".
Dans cette édition 2015, le Japon a qualifié les activités des navires et des avions chinois en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale de "comportements dangereux qui pourraient entraîner des affrontements non-désirés", arguant que "cette situation porte atteinte à la liberté de la navigation et de survol dans la région".
Le document exprime également les "préoccupations" du Japon quant aux récentes réclamations de la souveraineté chinoise en mer de Chine méridionale, déclarant qu'elles ont aggravé les tensions régionales. En outre, une nouvelle section sur les activités maritimes a été ajoutée dans un autre endroit du document.
Les analystes estiment qu'en avançant la "menace chinoise", le gouvernement de Shinzo Abe tente de trouver des excuses pour sa formation d'une politique de défense nationale plus agressive ayant pour objectif de renforcer les Forces d'autodéfense japonaises et d'amender la constitution pacifique d'après-guerre.
Cette astuce n'est pas nouvelle. De telles accusations sont récurrentes dans les livres blanc japonais sur la défense, et ce depuis plus de vingt ans, et particulièrement depuis 2006 lorsque Shinzo Abe est devenu pour la première fois Premier ministre japonais.
Voici les principaux points du livre blanc japonais sur la défense de ces dernières années :
En 2014, le livre blanc annuel a réinterprété la Constitution pacifique du pays en réclamant le droit à l'autodéfense collective, ouvrant la voie à l'envoi de soldats japonais à l'étranger pour défendre le Japon et les "pays ayant des liens étroits".
Les analystes ont indiqué qu'un tel contenu du livre blanc révèle l'ambition du gouvernement Abe de construire une force militaire japonaise dans la région, et a montré que le Japon tente de lever ses restrictions d'après-guerre.
Le gouvernement japonais a également critiqué l'établissement de la Zone d'identification de la défense aérienne (ADIZ) en mer de Chine orientale par le gouvernement chinois, qui exerce son droit légitime dans le cadre des pratiques et du droit international.
De la même façon, le Japon a concocté la "menace russe", considérant les activités militaires de la Russie dans ses eaux territoriales comme une menace majeure pour la sécurité japonaise.
Le livre blanc de 2013, première édition du deuxième mandat de M. Abe, a exprimé des préoccupations sur les programmes nucléaire et de développement du missile de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), déclarant que les Etats-Unis pourrait se trouver à la porté des missiles balistiques de la RPDC.
En 2012, le livre blanc a exprimé de grandes préoccupations sur les dépenses militaires chinoise, et a pointé du doigt les îles Diaoyu et la question nucléaire de la péninsule coréenne.
En 2011, le livre blanc a critiqué aveuglément l'augmentation des dépenses militaires et la modernisation militaire chinoises en mettant en avant la soi-disant "menace chinoise".
Le Japon a publié son premier livre blanc en 1970 et fait sortir chaque année une nouvelle édition depuis 1976.