Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, exercerait des pressions sur Washington pour démanteler la station d' écoute installée au dernier étage de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, a révélé samedi le journal Le Monde.
"Selon un membre de cabinet ministériel ayant souhaité conserver l' anonymat, M. Fabius fait actuellement pression pour que les Etats-Unis démantèlent" la station d' écoute située au dernier étage de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, "symbole, selon lui, d'une atteinte à la souveraineté française", explique le journal.
"Les mentions récentes et répétées dans les médias de la présence" du "centre d' interception appartenant à l' Agence nationale de sécurité américaine (NSA)" au dernier étage de l' ambassade des Etats-Unis à Paris ont "fini par exaspérer le chef de la diplomatie française", ajoute le quotidien.
Fin juin, le journal Libération et le site d' information Mediapart avaient publié, en collaboration avec WikiLeaks, des documents confidentiels révélant que la NSA avait espionné les trois derniers présidents français entre 2006 et 2012, mettant au grand jour la présence de la station d' écoute de l' ambassade américaine.
"Tant que seuls les services de renseignement et des initiés savaient que le dernier étage de l' ambassade des Etats-Unis, voisine de l' Elysée et du ministère de l'intérieur, servait de station d' écoute, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ne s' en préoccupait guère", rappelle Le Monde.
Interrogé sur la volonté de M. Fabius de voir la station démantelée, le Quai d' Orsay "n' a pas souhaité s' exprimer", tandis que l' ambassade des Etats-Unis s' est "refusée à tout commentaire" quant à l' activité des locaux suspects, souligne le journal.
"Un diplomate américain a néanmoins confié au Monde qu' il avait, lui, surtout à l'esprit le fait que les services français avaient infiltré au sein du personnel un agent qui était chargé du logement et de la logistique des visiteurs de l' ambassade de passage en France", note le quotidien.
"La station d'écoute a été installée entre 2004 et 2005, selon des images satellites décryptées par un blogueur français", rapportait lundi la chaîne d' information BFM TV.
D' après la chaîne, la station d'espionnage, "dissimulée derrière de larges bâches peintes en trompe-l' œil, au dernier étage de l'ambassade des Etats-Unis, située place de la Concorde, soit à quelques encablures du palais présidentiel (...), servirait à capter les télécommunications de l'Elysée, des ministères du gouvernement français, et des autres ambassades situées à proximité".
"Pour le contre-espionnage français, tout cela n'est pas nouveau. Des infrastructures de même nature seraient installées, rive gauche, sur un bâtiment dépendant de l'ambassade de Grande-Bretagne, près de l'Hôtel Matignon", rappelle Le Monde.
"Pour parer à cet espionnage, la mise en place de brouilleurs semble peu réaliste au regard des perturbations que cela causerait aux résidents et administrations de la zone", estime le journal, rappelant que "l'endroit est ultraprotégé et installé dans l'enceinte de l'ambassade, donc sur le territoire américain, de quoi limiter les risques de le voir démantelé".
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