Dernière mise à jour à 10h31 le 05/10
Un raid aérien contre un hôpital du nord de l'Afghanistan, qui pourrait avoir été lancé par l'armée américaine, a coûté la vie à au moins 19 personnes samedi, une attaque que le président américain Barack Obama a qualifiée d'"incident tragique" et que l'ONU a condamnée en la qualifiant d'"inexcusable".
Dans la nuit de vendredi à samedi, les forces américaines en Afghanistan auraient lancé un raid aérien sur un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) dans la ville de Kunduz (nord), chef-lieu de la province afghane portant le même nom, faisant au moins 19 morts et 37 blessés.
"Douze employés médicaux et au moins sept patients, dont trois enfants, ont été tués ; 37 personnes ont été blessées, dont 19 membres du personnel. Cette attaque constitue une grave violation du droit humanitaire international", peut-on lire dans un communiqué du groupe humanitaire.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a fermement condamné cette attaque.
"Le secrétaire général tient à rappeler que les hôpitaux et le personnel médical sont explicitement protégés par le droit international humanitaire", a déclaré le porte-parole de M. Ban dans un communiqué, avant d'ajouter que le secrétaire général de l'ONU demande "une enquête approfondie et impartiale" pour que la lumière soit faite sur les responsables de l'attaque.
Rappelant que Médecins Sans Frontières gère le seul hôpital de Kunduz dans des conditions "extrêmement difficiles", M. Ban a salué le courage et la dévotion du personnel de l'organisation et adressé ses plus sincères condoléances aux familles des personnes tuées et blessées dans cette attaque.
A Kaboul, le président afghan Mohammad Ashraf Ghani a exprimé sa profonde tristesse à la suite de la tragédie.
"Le commandant de la Mission 'Soutien résolu' de l'OTAN, le général John Campbell, a fourni, dans un appel téléphonique au président Mohammad Ashraf Ghani, des explications au sujet de l'incident et a présenté ses condoléances aux victimes. Le président et le général Campbell ont tous deux décidé d'ouvrir une enquête conjointe et approfondie", selon un communiqué du palais présidentiel.
En outre, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a appelé à ouvrir une enquête complète et transparente et souligné qu'"un raid aérien sur un hôpital peut constituer un crime de guerre".
"Cet événement est tout à fait tragique, inexcusable, voire même criminel," a-t-il déclaré.
Selon MSF, le bombardement a continué plus de 30 minutes après que des responsables militaires américains et afghans ont été informés que l'hôpital était bombardé.
MSF "condamne dans les termes les plus forts le bombardement tragique de son hôpital à Kunduz, qui accueillait de nombreux employés et patients. MSF tient à préciser que toutes les parties au conflit, y compris Kaboul et Washington, sont clairement informées de l'emplacement précis des installations de MSF à Kunduz, dont l'hôpital, la maison d'hôtes, le bureau et une unité de stabilisation à Chardara, au nord-ouest de Konduz", selon le document.
Pour leur part, les forces américaines en Afghanistan se sont engagées à mener une enquête pour déterminer si elles ont été impliquées dans le raid contre l'hôpital de MSF.
"L'armée américaine a mené une attaque aérienne dans la ville de Kunduz à 02h15 heure locale, le 3 octobre, contre des individus la menaçant. Le raid pourrait avoir entraîné des dommages collatéraux dans un établissement médical à proximité", a indiqué le commandement américain en Afghanistan dans une déclaration. "Une enquête sur l'incident est en cours", a-t-il ajouté.
Le président Barack Obama a présenté ses "plus sincères condoléances" à la suite de cet "incident tragique" et promis une enquête approfondie.
"Au nom du peuple américain, je tiens à présenter mes plus sincères condoléances aux professionnels de santé et aux autres civils tués et blessés dans l'incident tragique survenu dans un hôpital de Médecins Sans Frontières à Kunduz", a déclaré M. Obama dans un communiqué publié par la Maison Blanche.
"Le ministère de la Défense a lancé une enquête approfondie, et nous allons attendre les résultats de cette enquête avant de rendre un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie", a-t-il poursuivi.