Dernière mise à jour à 08h43 le 26/10
Les Etats-Unis tentent d'établir un réseau militaire global en Afrique en faisant intervenir l'armée américaine au Cameroun, ce qui pourrait compliquer la situation de la lutte contre le groupe terroriste Boko Haram, a indiqué Wang Hongyi, expert en questions africaines de l'Académie chinoise des sciences sociales.
Le président américain Barack Obama a annoncé le 14 octobre l'envoi de 300 soldats au Cameroun pour mener des opérations aériennes de renseignement, de surveillance et de reconnaissance dans la région.
A partir de la corne de l'Afrique, la présence militaire des Etats-Unis s'est étendue en Afrique de l'Est et dans le sud du continent, puis en Afrique du Nord et de l'Ouest en profitant du Printemps arabe. En intervenant au Cameroun, pays d'Afrique centrale, au nom de la lutte contre Boko Haram, les Etats-Unis tentent de compléter leur couverture militaire sur tout le continent africain, a noté M. Wang.
Depuis la création en 2006 du Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), l'Oncle Sam a déployé plus de 7.000 soldats dans une vingtaine de pays africains en créant des bases militaires au nom de l'anti-terrorisme.
"Cette intervention militaire globale, fortement exclusive, vise à protéger et à élargir les intérêts économiques et politiques américains en Afrique au détriment de la souveraineté politique et économique des pays concernés", a estimé M. Wang, précisant que le Cameroun et ses pays voisins comme le Nigeria, le Tchad et le Gabon sont tous des producteurs pétroliers.
Cela pourrait créer des conflits avec la France, qui a des intérêts traditionnels en Afrique francophone, a-t-il ajouté.
En outre, l'envoi de soldats américains au Cameroun pourrait compliquer la situation de la lutte contre Boko Haram.
Face aux fortes interventions des pays occidentaux, qui placent leurs propres intérêts en priorité, les pays africains perdent l'autonomie sur leur programme antiterroriste, a souligné M. Wang.
Dès lors, il existe à la fois des forces françaises et américaines au Cameroun, au Niger, au Nigeria, et au Tchad, ce qui devrait compliquer la coordination entre les pays tout en affaiblissant le commandement du Nigeria, ayant ainsi un impact négatif sur la lutte contre Boko Haram, a-t-il expliqué.
Le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, pays membres de la Commission du bassin du lac Tchad, ainsi que le Bénin, ont formé en février dernier une force mixte multinationale (FMM) sous le commandement du Nigeria pour combattre Boko Haram.
L'intention des Etats-Unis d'intervenir au Cameroun pourrait remonter en 2011, lorsque les deux pays ont mené conjointement des exercices militaires antiterroristes.