Dernière mise à jour à 09h50 le 26/02
Javier Gimeno, président de la Chambre de commerce et d'industrie française en Chine.
Retour sur les relations économiques France-Chine avec Javier Gimeno, président de la Chambre de commerce et d'industrie de France en Chine (CCIFC).
SÉBASTIEN ROUSSILLAT
Il y a deux ans, nous avions déjà rencontré le président de la CCIFC. À l'époque, c'était Laurent Guibert, aujourd'hui, c'est Javier Gimeno, délégué général, CEO pour l'Asie-Pacifique du groupe français Saint-Gobain qui nous a accordé une interview depuis son bureau de Shanghai. En 2014, les chiffres étaient ceux-ci : 1 500 entreprises françaises implantées en Chine, la France employait 500 000 personnes. Ceux de cette année sont 1 600 entreprises françaises implantées, et un chiffre d'affaire de 60 à 65 milliards d'euros par an pour les implantations françaises en Chine.
Selon Javier Gimeno, la France serait donc le 2e employeur étranger en Chine et pas loin d'être l'un des investisseurs étrangers les plus importants en Chine. Avec 18 milliards d'euros d'IDE français vers la Chine en 2014, la France est le 2e fournisseur européen du pays après l'Allemagne, et tout juste devant l'Angleterre. Une bonne performance à nuancer toutefois compte tenu de l'écart assez significatif dans la part du marché que s'est taillée la France comparée à celle de notre voisin germanique qui affichait 5 % du marché chinois contre 1 % et quelques pour la France.
Face à ces chiffres plutôt optimistes, un chiffre inquiète : celui de la croissance chinoise qui « ralentit », mais faut-il pour autant quitter le navire ? « Les chiffres de la croissance chinoise restent respectables. On ne trouve pas beaucoup de pays dans le monde avec le taux de croissance de la Chine. Même en Asie, la Chine est le pays qui continue à croître avec le rythme le plus élevé. Effectivement la croissance est moins forte qu'avant, mais les chiffres en termes de valeur absolue, la capacité de l'économie chinoise à créer de la richesse n'a pas été modifiée de manière importante », analyse Javier Gimeno.
« La Chine possède beaucoup de diversité, tout d'abord sur le plan géographique. En effet, le Nord est assez touché par le ralentissement économique, dû à son passé de grande région industrielle, tandis que l'Ouest et le Sud affichent encore des taux de croissance au-dessus de la moyenne du pays. De la diversité aussi selon les différents secteurs économiques. Certains sont en franche décadence, l'industrie de l'acier par exemple, mais d'autres, ceux liés aux services, à la consommation des ménages, à l'environnement, à la santé…, sont en pleine expansion. Donc il ne faut pas se contenter d'une analyse superficielle et monolithique. En tous les cas, 7 % n'est pas un chiffre que l'on peut considérer comme une "petite croissance". Pour les années à venir, le gouvernement aurait en tête 5-7 % croissance, ce qui serait tout à fait convenable. »
Il faut battre le fer tant qu'il est encore chaud
Bien que les chiffres des échanges économiques franco-chinois pour 2015 ne soient pas encore disponibles, les fréquentes visites officielles de dirigeants français et chinois depuis 2014 nous permettent de croire qu'un vent favorable souffle sur les échanges économiques franco-chinois.
Sans être exhaustif, on peut citer la visite du président chinois Xi Jinping en mars 2014 qui avait été couronnée par la signature d'un nombre assez conséquent de contrats et le chiffre brandi fièrement par le président français de « 18 milliards d'euros » de contrats signés.
Les visites fréquentes des ministres ou secrétaires d'État français dans la foulée en Chine et celles de vice-ministres chinois ou du premier ministre Li Keqiang en France récemment donnaient l'impression qu'il fallait « battre le fer tant qu'il était encore chaud » à coups de contrats, d'accords, de forums franco-chinois et de réunions économiques.
Tout récemment, la visite de François Hollande, pour obtenir de son homologue chinois un engagement pour la COP21, a également été l'occasion de signer des accords dans divers domaines tels que la santé, le nucléaire, l'environnement dans lesquels la France et la Chine coopèrent aujourd'hui.
Pour Javier Gimeno, cet « activisme » diplomatique et économique s'explique, entre autres raisons, par le fait que la Chine est en train de vivre une réforme structurelle de son économie sur laquelle la France a bien l'intention de surfer : « L'économie chinoise est en train de passer d'une économie de quantité à une économie de qualité. C'est une grande ambition. Le but est de miser sur la consommation privée, et les chiffres de 2015 commencent déjà à montrer que le changement est en train de se faire. Le développement économique chinois se tourne vers des domaines plus sophistiqués, à plus forte valeur ajoutée, dans lesquels les notions de qualité et d'innovation sont essentielles et dans lesquels la France possède une expertise, une expérience et un savoir-faire reconnus. »