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Racisme : Des experts du Conseil de l'Europe pointent la France du doigt

Xinhua | 02.03.2016 08h19

Des experts du Conseil de l'Europe (CoE) ont publié mardi un rapport dans lequel ils expriment leurs inquiétudes quant à une "banalisation" des discours racistes et un accroissement des actes xénophobes, antisémites et islamophobes en France.

"Je salue les efforts importants faits par les autorités françaises pour lutter contre le racisme et l' intolérance. Cependant, le discours de haine, de par sa banalisation dans la sphère publique, demeure un sujet de préoccupation. J' en appelle en particulier aux responsables politiques pour qu' ils

s' abstiennent de tenir des propos qui stigmatisent des groupes déjà vulnérables et attisent les tensions dans la société française", a déclaré le Secrétaire Général du Conseil de l' Europe, Thorbjorn Jagland.

Fruit du travail des experts de la Commission anti-racisme du CoE (ECRI), le rapport s'appuie sur les données du ministère français de l' Intérieur selon lesquelles les violences associées aux préjugés racistes ont augmenté de 14% entre 2012 et 2014, dont 36% pour celles relevant de l' antisémitisme.

Le rapport tire la sonnette d'alarme au sujet de la persistance des discours islamophobes, notamment dans la bouche de la leader française d'extrême droite, Marine Le Pen, dont la candidature à la prochaine élection présidentielle de 2017 ne fait guère de doute. La présidente du Front National (FN) avait notamment provoqué un tollé en comparant les prières musulmanes de rue à l' occupation allemande.

L'ECRI rappelle aussi les propos du proche de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, le maire de Meaux (Ile de France) Jean-François Copé, qui avait évoqué des "voyous" musulmans qui auraient arraché un pain au chocolat à un jeune au motif "qu' on ne mange pas pendant le ramadan".

La Commission déplore également des décisions prises "au nom d' une conception restrictive de la laïcité" - principe inscrit dans la Constitution française - pouvant être "perçues comme sources de discrimination" , en citant les propos, l'an dernier, d'un maire préconisant la suppression des menus sans porc des cantines scolaires.

"Le rapport, bien que rédigé avant les attentats de novembre 2015 à Paris, contient des recommandations aux autorités françaises qui sont pleinement d'actualité", a déclaré le Président de l' ECRI, Christian Ahlund.

L'ECRI s'inquiète de la baisse des budgets alloués aux politiques d' intégration et de lacunes persistantes dans le dispositif pénal en matière de discours de haine. Elle appelle les autorités françaises à adopter des dispositions pour que le mobile raciste ainsi que celui lié à l' orientation sexuelle et à l' identité de genre constituent une circonstance aggravante de toute infraction pénale ordinaire, comme l'a promis l'an dernier le Président Hollande.

Les experts européens demandent par ailleurs aux autorités de "clarifier" la réglementation concernant l' accompagnement de sorties scolaires par des mères d' élèves portant le voile, autre sujet de crispation en France.

L'ECRI invitent également les responsables politiques français à accorder une domiciliation administrative aux Roms, même s' ils n' ont pas de résidence stable, afin de ne pas entraver leur accès "aux droits de base", notamment à la scolarisation de leurs enfants.

Les experts du CoE s'émeuvent enfin de la forte augmentation des discours haineux sur Internet et les réseaux sociaux "malgré les efforts des autorités pour endiguer ce phénomène".

L' ECRI, chargée du suivi des problèmes de racisme, de xénophobie, d' antisémitisme, d' intolérance et de discrimination fondée sur des motifs tels que la "race", les origines ethniques/nationales, la couleur, la nationalité, la religion et la langue (discrimination raciale), élabore régulièrement des rapports et adresse des recommandations aux 47 Etats membres du Conseil de l'Europe.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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