Dernière mise à jour à 10h54 le 26/06
Après l'annonce du départ du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), la classe politique française - à l'exception du Front national (FN) - réclame un changement profond du projet politique européen, notamment les questions relatives à la crise migratoire et à la menace terroriste, pour éviter le repli.
Du parti socialiste au pouvoir en passant par le principal parti d'opposition, Les Républicains, au parti de gauche, les leaders politiques français qui ont réagi à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, demandent une refondation pour sauver l'UE.
Seul le FN reste fidèle à sa position : la tenue d'un référendum à l'instar de la Grande-Bretagne pour acter le départ de la France de l'Union.
"La décision de la Grande-Bretagne exige aussi de prendre lucidement conscience des insuffisances du fonctionnement de l'Europe et de la perte de confiance des peuples dans le projet qu'elle porte", a déclaré le président français François Hollande. Pour lui, un sursaut est donc nécessaire car, dit-il, l'Europe pour aller de l'avant ne peut plus faire comme avant.
Les changements à apporter doivent ainsi concerner selon M. Hollande la "sécurité et la défense de notre continent pour protéger nos frontières et pour préserver la paix face aux menaces, l'investissement pour la croissance et pour l'emploi, l'harmonisation fiscale et sociale, renforcement de la zone euro et de sa gouvernance démocratique".
"Ce qui se joue, c'est la division de l'Europe au risque du repli ou la réaffirmation de son existence au prix de changements profonds. Je ferai tout pour que ce soit le changement profond plus tôt que le repli", a dit M. Hollande.
Le Premier ministre français, Manuel Valls qui a qualifié le choix des britanniques "d'électrochoc" et de "déflagration à l'échelle du continent ", pense que ce départ est aussi révélateur d'un malaise trop longtemps ignoré.
"Trop longtemps on a fermé les yeux sur les avertissements et les doutes exprimés par les peuples européens, nous y sommes : menaces terroristes, crise migratoire, montée de l'extrême droite dans notre continent qui tournerait ainsi le dos à ses valeurs fondatrice", a-t-il indiqué.
Le moment est donc venu selon M. Valls de "refonder, réinventer" une autre Europe en écoutant les peuples. "Il faut rebâtir le projet européen en répondant à ses questions : quel projet ? Quelle valeur ? Quelle identité et Quelle frontière ? C'est ainsi que nos concitoyens se réapproprieront pleinement le projet européen", a estimé le Premier ministre français.
Le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy a évoqué la même nécessité de refonder le projet européen par l'élaboration d'un nouveau traité.
"Je demande qu'une réunion de chefs d'Etat et de gouvernement européens prenne la décision d'élaborer un nouveau traité qui montrera que l'Europe est décidée à reprendre son destin en main", a proposé M. Sarkozy.
Les piliers qui devraient organiser ce nouveau traité sont entre autres : faire respecter les frontières européennes. Car dit-il "la libre circulation des Européens ne signifie pas que les non Européens peuvent entrer et circuler librement". Mettre en place un gouvernement économique de la zone euro avec un président stable élu par ses pairs ainsi qu'un fond monétaire européen qui assurera l'indépendance de l'Europe.
Selon Jean-Luc Mélenchon, coordinateur du parti de gauche, le refus des peuples comme c'est le cas du peuple britannique, n'est pas le refus de la bonne entente. Mais le refus qu'il n'y ait pas d'harmonisation fiscale et sociale.
"L'UE c'est la désorganisation des services publics, la marchandisation de tout. C'est donc cette Europe du capital qui est un échec aujourd'hui et, c'est une occasion extraordinaire pour la France de revenir sur le devant de la scène et de proposer une tout autre méthode", a demandé M. Mélenchon.
Cette méthode consistera d'abord, ajoute-t-il, à "sortir des traités existant car si nous laissons les choses comme elles vont, il n'y aura plus qu'une alternative : changer l'Europe ou la quitter".
Contrairement à ces leaders qui prônent tous une refondation du projet européen, malgré leurs argumentations parfois différentes, la présidente du FN, elle a salué ce départ de la Grande-Bretagne de l'UE et réitéré son souhait de voir la France faire de même.
"Le peuple britannique a apporté au peuple européen mais aussi au peuple du monde entier une éclatante leçon de démocratie (...) J'appelle depuis 2013 à un référendum du même type que celui qui a eu lieu au Royaume-Uni. Ce référendum sur l'appartenance de la France à l'UE est une nécessité démocratique", a réclamé Mme Le pen.
Selon elle, le départ du Royaume-Uni de l'UE est synonyme de renaissance des nations qui doivent former entre elles un nouveau projet européen : celui de la coopération.
"L'UE expose les peuples européens à toutes les crises économiques comme migratoires. Elle doit laisser la place à l'Europe des nations libres et souveraines", a-t-elle estimé.