Dernière mise à jour à 10h52 le 05/12
Dimanche 4 décembre, le patriarche de l'Eglise orthodoxe russe a consacré une nouvelle et importante église à Paris près de la Tour Eiffel, que certains considèrent néanmoins un symbole controversé de l'influence du président Vladimir Poutine en Europe. Le Patriarche Kirill, un proche allié de Poutine, a conduit la cérémonie sanctifiante dans l'Eglise de la Sainte Trinité, sur les rives de la Seine, la pièce maîtresse aux dômes dorés d'un complexe de 100 millions d'Euros détenu par le gouvernement russe et qui inclura un centre culturel et une école.
La cérémonie, d'une durée d'une heure, a vu la consécration de l'autel, une procession autour du terrain et le placement des reliques. Entourés par les harmonies d'un chœur entièrement masculin et de riches odeurs d'encens, les membres de la forte communauté russe de France, venus sur invitation seulement, ont assisté à l'événement hautement sécurisé dans l'imposante et massive église blanche en forme de bloc. Mais si c'était avant tout un événement religieux, il portait aussi en lui de fortes connotations politiques. La visite du résolument conservateur Kirill à Paris intervient alors que certains politiciens majeurs, français et d'autres pays européens, plaident en faveur de meilleures relations avec la Russie après des années de tensions diplomatiques sur le rôle de Moscou dans les conflits en Syrie et en Ukraine.
En Russie -jusqu'à il y a 25 ans un Etat officiellement athée- le rôle de l'église a grandi sous Vladimir Poutine, notamment dans son lobbying pour les politiques familiales traditionnelles et contre l'homosexualité. Le Président russe, qui a déjà expliqué l'annexion de la péninsule de Crimée de l'Ukraine en soulignant que le prince de l'ancien Etat russe kiévien y a été baptisé il y a plus de 1000 ans, a publiquement soutenu les groupes chrétiens conservateurs, faisant valoir que les valeurs libérales occidentales sont étrangères aux Russes. Il devait d'ailleurs inaugurer le complexe de l'église de Paris en Octobre, mais a annulé son voyage après la colère française face au bombardement par la Russie de civils dans la ville syrienne d'Alep.
Cependant, le changement est peut-être déjà dans l'air. Deux prétendants pour l'élection présidentielle de l'année prochaine de la France, et pas des moindres puisqu'il s'agit du conservateur François Fillon et de la patronne du Front National d'extrême droite Marine Le Pen, militent en faveur d'un rapprochement avec Vladimir Poutine contre les extrémistes islamiques et de la fin des sanctions de l'UE imposées après les actions de la Russie en Ukraine.