Dernière mise à jour à 08h22 le 05/01
Le 31 décembre 2016, une voiture de police bloque la route près de la Porte de Brandebourg dans la capitale allemande. (Xinhua/Shan Yuqi) |
Donald Trump, terrorisme international, conflit israélo-palestinien et mer de Chine méridionale constituent les quatre dossiers-clés de l'année 2017 pour l'expert géopolitique français Lionel Vairon lors d'une récente interview accordée à Xinhua.
Le premier et plus important dossier évoqué par Lionel Vairon est la prise de fonction de Donald Trump à compter du 20 janvier "avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l'ordre international", a souligné M. Vairon, qui était diplomate français en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient pendant une dizaine d'années.
"M. Trump a exprimé pour le moment sa volonté de changer les lignes de l'ordre international de manière brutale, radicale, mais il n'est pas encore président" a indiqué l'expert, ajoutant que "s'il continue effectivement dans cette direction alors les Etats-Unis seront le sujet le plus important de 2017 car ils sont encore la première puissance mondiale, et leur politique étrangère et économique a une influence sur tous les grands dossiers de la planète, Moyen-Orient, Chine, Japon, Union Européenne etc.
Le second sujet d'ampleur pour 2017 selon Lionel Vairon, est l'avenir de l'Etat islamique (EI, Daech). "Est-ce cette organisation terroriste va continuer à reculer, et si elle recule, quelle influence cela va avoir non seulement sur l'Europe, car les djihadistes européens commencent à revenir, mais aussi sur la Russie, avec le retour de djihadistes tchétchènes", a-t-il dit.
Le troisième dossier majeur de l'année 2017 est celui du conflit israélo-palestinien. "Bien que l'importance de ce dossier ait diminué ces dernières années, on observe un regain d'intérêt récent avec les déclarations violentes de M. Trump faites contre M. Obama, et en faveur de M. Netanyahou" selon Lionel Vairon.
"M. Trump est en train de changer radicalement la position de neutralité officielle des Etats-Unis, même si je crois que les Etats-Unis n'ont jamais été neutres (...). Naturellement, l'impact ne touchera pas seulement la Palestine, mais l'ensemble du monde arabe, et ses réactions face aux Etats-Unis. Ce basculement violent en faveur d'Israël et de la colonisation israélienne sera un grand dossier de 2017" a-t-il expliqué.
La mer de Chine méridionale sera le quatrième dossier clé de 2017, selon l'expert. Puisqu'en lien avec la politique étrangère que choisira de mener Donald Trump, "sa relation avec la Chine semble devoir être compliquée et fait donc par conséquent de la mer de Chine méridionale un dossier compliqué, surtout avec la position des Philippines et du Japon".
Concernant le domaine des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, il est toujours possible de trouver des solutions, mais dans celui des relations stratégique la situation est beucoup plus compliquée et dangereuse", a fait savoir M. Vairon.
Interrogé sur le phénomène de "démondialisation", Lionel Vairon estime que la mondialisation traverse actuellement "le creux de la vague". "Nous vivons une tendance à la démondialisation mais je ne pense pas que la mondialisation, qui n'est pas un phénomène récent, puisse disparaître d'autant que c'est la mondialisation qui génère la démondialisation " a-t-il indiqué.
Selon lui, "ce qui est vraiment nouveau, ce n'est pas la démondialisation, c'est que nous sommes dans l'ère de la post-vérité. Cela signifie que dans les démocraties occidentales, on peut aujourd'hui élire des dirigeants populistes sur un discours, et le lendemain de leur élection, les entendre reconnaître qu'ils ont menti, mais cela n'a pas d'importance.
"Nous l'avons au Royaume-Uni avec le triomphe du Brexit, et quelques jours plus tard, nous avons vu le leader du Brexit avouer finalement qu'il avait menti, par exemple sur la question de la contribution britannique à l'UE", a précisé Lionel Vairon, ajoutant que pour M. Trump, c'est le cas similaire. "Il a dit certaines choses, et puis il a changé, et maintenant il revient en arrière etc", a indiqué Lionel Vairon.
"Les citoyens votent aujourd'hui pour un dirigeant parce qu'il est sympathique, et puis parce que son discours populiste satisfait les attentes primaires des électeurs, mais cette tendance va produire une crise systémique de la démocratie. N'oublions pas que les dictateurs sont arrivés au pouvoir en Europe par un mécanisme démocratique. Les peuples sont déjà de plus en plus méfiants vis-à-vis du système démocratique", a-t-il alerté.