Dernière mise à jour à 08h55 le 08/03
"L'extrême droite n'a jamais été aussi haute depuis plus de 30 ans. Mais la France ne cédera pas", a déclaré le président français François Hollande dans une interview publiée ce mardi par le journal français Le Monde.
L'interview a été accordée la veille du sommet de Versailles au groupe de journaux Europa réunissant le journal français Le Monde, l'allemand Süddeutsche Zeitung, l'italien La Stampa, le britannique The Guardian, l'espagnol La Vanguardia et le polonais Gazeta Wyborcza.
Le président français a reçu lundi 6 mars au château de Versailles (Yvelines) les chefs de gouvernement allemand, italien et espagnol, en vue de préparer les prochaines échéances européennes, comme le Conseil européen des 9 et 10 mars et le Sommet du 60ème anniversaire du Traité de Rome le 25 mars.
Interrogé par les journaux européens sur "le danger mortel" que représente pour les autres pays européens la possibilité de la victoire de l'extrême-droite à l'élection présidentielle française de 2017, François Hollande a estimé que "la menace existe (...) mais la France ne cédera pas".
"D'abord, parce qu'elle est la France et qu'elle a conscience que le vote du 23 avril et du 7 mai déterminera non seulement le destin de notre pays mais aussi l'avenir-même de la construction européenne", a-t-il expliqué.
"Si d'aventure la candidate du Front national l'emportait, elle engagerait immédiatement un processus de sortie de la zone euro, et même de l'Union européenne (UE). C'est l'objectif de tous les populistes, d'où qu'ils soient : quitter l'Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors. Mon ultime devoir, c'est de tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue par un tel projet, ni porter une si lourde responsabilité", a souligné le président français.
Reconnaissant que l'Europe est en crise, le chef d'Etat français a affirmé ne pas s'en tenir "au constat" et ne pas "céder à la désespérance".
"Ce que demandent les Européens, c'est que l'UE puisse les protéger davantage. Que la souveraineté européenne sécurise leurs frontières, les prémunisse du risque terroriste, et enfin préserve un mode de vie, une culture, une communauté d'esprit", a-t-il poursuivi.
Selon lui, l'Europe peut se relancer avec la défense. "La défense, c'est un sujet qui a été délibérément écarté lors de la signature du Traité de Rome. L'Europe aurait pu commencer par là ... aujourd'hui, l'Europe peut se relancer par la défense. A la fois pour assurer sa propre sécurité, mais aussi pour agir dans le monde, pour chercher des solutions aux conflits qui la menacent. C'est ce que les Européens doivent avoir, en cohérence avec l'OTAN", a-t-il indiqué, soulignant que la France et le Royaume-Uni "ont des relations fortes en matière de défense, y compris dans le domaine, stratégique, de la dissuasion nucléaire".
Evoquant la méconnaissance de ce qu'est l'UE" exprimée par le président américain Donald Trump, M. Hollande a estimé qu'elle "nous oblige à lui démontrer sa cohésion politique, son poids économique et son autonomie stratégique".
Le président français entend plaider pour une Europe à deux vitesses. "L'Europe à vingt-sept ne peut plus être l'Europe uniforme à vingt-sept (...) sans un nouvel esprit européen, l'UE sombrera dans la dilution et à terme dans la dislocation", a déclaré M. Hollande.
Au sujet du Brexit, pour le président Hollande, le problème du Royaume-Uni est : "il avait pensé qu'en quittant l'Europe, il allait nouer un partenariat stratégique avec les Etats-Unis".
"Mais il se trouve que l'Amérique se ferme par rapport au monde. Le Royaume-Uni a fait un mauvais choix, au mauvais moment. Je le regrette", a-t-il affirmé.
Par ailleurs, le président français s'est dit en faveur d'une reconduction du Polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil européen.