Dernière mise à jour à 08h28 le 05/04
A la veille d'une conférence internationale sur l'avenir de la Syrie qui se tiendra à Bruxelles, un nouveau rapport de l'Organisation des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) publié lundi souligne que le secteur de la production agricole peut et doit être relancé dès maintenant afin de réduire le besoin en aide humanitaire et les migrations malgré les dégâts et les pertes liées au conflits.
Intitulée "Bilan des pertes: la situation de l'agriculture syrienne après six années de crise", l'étude est la première évaluation nationale de l'impact de la guerre sur le secteur agricole. Elle a été menée en août et en septembre 2016 auprès de 3.500 ménages et plus de 380 groupes communautaires à travers la Syrie.
Selon la FAO, le conflit en Syrie a provoqué plus de 16 milliards de dollars de pertes au niveau des récoltes et de la production agricole et a également détruit les biens agricoles.
"L'étude montre qu'en plein conflit le secteur agricole permet de sauver des millions de vies syriennes, dont celles des déplacés internes qui vivent toujours dans les zones rurales", a déclaré dans un communiqué le directeur général de la FAO, José Graziano da Silva. "Augmenter les investissements pour relancer le secteur agricole pourrait considérablement réduire le besoin en aide humanitaire. Cela pourrait également avoir un impact significatif en régulant le flux d'immigrés", a-t-il ajouté.
Près de 95% des communautés interrogées ont indiqué que si elles recevaient une aide agricole basique comme des semences, de l'engrais et du carburant pour faire fonctionner les pompes à irrigation, cela contribuerait à réduire le nombre de personnes qui choisissent de quitter la campagne pour trouver d'autres opportunités ailleurs et encouragerait le retour des migrants et des déplacés internes. En 2016, la population rurale en Syrie a chuté de plus de moitié par rapport à 2011.
Le coût initial d'une reconstruction du secteur agricole sur une période de trois ans est estimé entre 10,7 et 17,1 milliards de dollars au total, en fonction de l'évolution du conflit, si rien ne se passe, en cas de rétablissement partiel ou total de la paix. Le rapport propose un plan d'intervention pour chacun de ces scénarios et inclut des suggestions visant à répondre à des problèmes sous-jacents, tels que l'utilisation durable de l'eau pour l'irrigation.
Le rapport indique que si les zones agricoles productives continuent d'être négligées, de plus en plus de personnes seront forcées à quitter les zones rurales et la Syrie risquerait d'émerger du conflit avec une production alimentaire commerciale et une structure agricole au bord de l'effondrement.