Attentat suicide dans une salle de concert à Manchester, au moins 22 morts et 59 blessés

Au moins 22 personnes ont été tuées et 59 blessées, en majorité des enfants et des adolescents, dans un attentat suicide qui a touché l'Arena de Manchester, une des plus grandes salles de spectacle d'Europe, que le Premier ministre britannique Theresa May a qualifié d'« attaque terroriste et effrayante ». La police a rapidement identifié le terroriste, un Britannique d'origine libyenne de 22 ans du nom de Salman Abedi, et recherche toujours d'éventuels complices. L'attaque a été perpétrée par un homme isolé qui a fait exploser une bombe artisanale dans le foyer à 22h33 lundi à la fin d'un concert de la chanteuse américaine Ariana Grande. La première victime identifiée était une étudiante du nom de Georgina Callander, qui étudiait la santé et les soins sociaux au Collège Runshaw, dans le Lancashire.

Dans un communiqué de Downing Street, le Premier ministre a déclaré qu'il était « incontestable que les habitants de Manchester et de ce pays ont été victimes d'une attaque terroriste sans pitié » qui visait des « jeunes sans défense ». Elle avait alors confirmé que les services de sécurité avaient découvert l'identité de l'attaquant mais qu'ils n'étaient pas encore en mesure d'en dire davantage. Mme May a présidé une réunion du comité d'urgence Cobra du gouvernement et devait se rendre à Manchester plus tard. C'est le pire attentat terroriste au Royaume-Uni depuis les attentats du 7 juillet 2005, quand 52 personnes avaient été tuées dans quatre attaques séparées dans le métro et les bus de Londres. Le groupe Etat islamique a revendiqué l'attaque de lundi soir, affirmant que l'un « des soldats du califat a placé des bombes dans la foule ».

Le chef de la police du Grand Manchester, Ian Hopkins, a déclaré que c'était « l'incident le plus horrible » que la ville ait jamais connu et que l'enquête « en plein essor » travaillait maintenant pour déterminer si l'attaquant « a agi seul ou dans le cadre d'un réseau ». Dans le même temps, après une alerte, le centre commercial Arndale de Manchester a également été brièvement évacué mardi, mais avant de rouvrir. Soixante ambulances sont intervenues sur les lieux du drame et les blessés sont aujourd'hui traités dans huit hôpitaux autour de la ville. Des témoins présents sur les lieux ont dit avoir vu des écrous et de boulons métalliques parmi les débris, et ont parlé de la peur et de la confusion qui ont frappé les spectateurs. Andy Holey, qui était allé à l'Arena pour y chercher sa femme et sa fille, a déclaré : « Une explosion s'est déclenchée et elle m'a projeté à environ 10 mètres d'un groupe de portes à une autre groupe de portes. Quand je me suis levé, j'ai vu des corps couchés sur le sol. Ma première pensée a été d'aller dans l'Arena pour essayer de retrouver ma famille ».

Un autre témoin, Emma Johnson, a déclaré que son mari et elle étaient venus dans la salle pour aller chercher leurs enfants, âgés de 15 et 17 ans. « Nous étions debout au sommet des escaliers et le verre a explosé -c'était près de l'endroit où ils vendaient des marchandises », a-t-elle déclaré à la BBC Radio Manchester. « Tout l'édifice a été secoué. Il y a eu une explosion et ensuite un éclair. Il y avait des corps partout ». « J'ai cherché ma famille parmi les corps ». Abigail Walker, une adolescente qui était au concert, a déclaré à la BBC : « Je devais m'assurer que j'avais retrouvé ma sœur. Je l'ai saisie et j'ai tiré fort. Tout le monde courait et pleurait. Nous essayions simplement de comprendre où tout le monde était. C'était absolument terrifiant ».

Le niveau de menace au Royaume-Uni est jugé élevé depuis près de trois ans -ce qui signifie que des attaques sont considérées comme très probables. Mais au cours des derniers mois, le rythme des activités contre-terroriste ont augmenté avec -en moyenne- une arrestation tous les jours au Royaume-Uni. Après l'attentat de Westminster perpétré par Khalid Masood en mars, les responsables de la police et de la sécurité ont mis en garde contre le fait que de nouvelles attaques étaient presque inévitables, mais ils croyaient également qu'elles étaient plus susceptibles de recourir à des techniques rudimentaires, comme des couteaux ou des véhicules. Le fait que l'attaque de Manchester ait impliqué des explosifs n'a pas manqué de les inquiéter, quand bien même elle n'ait pas atteint le niveau de complexité vu à Paris en 2015, lorsque plusieurs terroristes envoyés depuis la Syrie ont utilisé des armes à feu et des ceintures d'explosifs, mais il ne fait guère de doute que l'attaque de Manchester suppose tout de même une certaine planification.