Dernière mise à jour à 09h07 le 12/09
Alors que le projet de loi antiterroriste sera examiné la semaine prochaine par l'Assemblée nationale, le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, a déclaré dimanche au quotidien Le Parisien vouloir renforcer la lutte contre les fonctionnaires radicalisés.
"Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire radicalisé", a estimé le ministre, qui a expliqué vouloir "renforcer le contrôle des agents qui ont des missions de sécurité et de défense".
"Les policiers, les gendarmes, les militaires sont d'ores et déjà susceptibles de faire l'objet d'un criblage, c'est-à-dire un passage dans tous les fichiers, au moment de l'enquête administrative préalable à leur embauche", a-t-il rappelé.
La nouvelle loi doit donner la possibilité "de procéder à des contrôles, notamment en consultant le FSPRT (fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste) tout au long de leur carrière en cas de suspicion de radicalisation", a indiqué Gérard Collomb.
Le ministre a souligné que lorsqu'un agent de l'Etat est radicalisé, les marges de manœuvre "sont très faibles" : "On peut retirer l'accès à un site nucléaire pour un salarié sur lequel pèsent de tels soupçons. Paradoxalement, cela s'avère plus difficile avec les fonctionnaires et militaires les plus engagés dans le domaine de la sécurité. Il faut pouvoir muter et radier un fonctionnaire radicalisé lorsqu'il exerce des missions de souveraineté ou un métier en lien avec la sécurité", selon lui.
"La mesure concernera les policiers, les gendarmes, les militaires, les douaniers et le personnel pénitentiaire", a-t-il déclaré, mentionnant "une dizaine" de fonctionnaires suivis.
Pour Gérard Collomb, il n'y a pas de risque d'une surveillance abusive : "Depuis la dernière prolongation par la loi du 11 juillet dernier, il n'y a eu que 21 perquisitions" qui ont "débouché sur des gardes à vue dans 50% des cas". "La surveillance se concentre donc sur les seules personnes susceptibles de représenter une menace pour la société", a-t-il précisé.
Comme le rappellent ce lundi plusieurs médias français, suite aux attentats de novembre 2015, plusieurs entreprises en lien avec la sécurité et les transports avaient effectué des licenciements de salariés soupçonnés de radicalisation. Le PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, avait indiqué que 70 agents, sur 85.000 employés travaillant dans les zones sécurisées des aéroports de Roissy et Orly, avaient été écartés de leurs postes.
Le PDG de la SNCF, Guillaume Pépy, évoquait une dizaine de cas de radicalisation en un an en janvier 2016. Un des terroristes kamikazes de l'attentat du Bataclan à Paris avait travaillé à la RATP (réseau de transports de la région de Paris).