Dernière mise à jour à 13h22 le 31/01
Le gouvernement irlandais s'est officiellement engagé le 28 janvier à convoquer un référendum historique sur l'avortement, confirmant qu'un vote aura lieu à la fin du mois de mai. Le référendum sur l'abrogation d'une interdiction constitutionnelle de 35 ans sur l'avortement va tester dans quelle mesure les attitudes ont changé dans un pays qui fut naguère un bastion du conservatisme catholique. Le Premier ministre Leo Varadkar a expliqué que plus de 2 000 femmes et jeunes filles irlandaises prenaient des pilules contre l'avortement chaque année sans supervision médicale appropriée, conduisant inévitablement à des tragédies médicales.
S'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion spéciale du gouvernement, M. Varadkar a confirmé que le Ministre de la santé préparait une loi autorisant un accès illimité à l'avortement jusqu'à la 12e semaine de grossesse et plus tard en cas de viol, d'inceste ou d'anomalie mortelle. Cette loi, qui fait écho aux recommandations formulées par un comité parlementaire multipartite le mois dernier, sera soumise au Parlement si le pays vote pour abroger l'interdiction constitutionnelle. « Je ne pense pas que nous puissions persister dans une situation où les femmes en crise risquent leur vie pour avoir utilisé des médicaments non réglementés », a-t-il dit, « et je ne crois pas que la Constitution soit l'endroit pour faire des déclarations absolues sur questions morales et juridiques ».
Après avoir entendu les conseils juridiques du procureur général du pays, M. Varadkar et son cabinet ont décidé de procéder à un référendum pour abroger l'article 40.3.3 de la Constitution irlandaise, le huitième amendement, qui donne au fœtus un droit à la vie égal à celle de sa mère. Dans la pratique, les autorités judiciaires irlandaises ont interprété cela comme une interdiction de l'avortement dans presque toutes les circonstances.
La mesure référendaire, si elle est adoptée par une majorité d'électeurs, remplacerait cet article par une nouvelle clause disposant que le Parlement aura le pouvoir de légiférer sur l'avortement. Parce que les lois irlandaises ne peuvent être adoptées que par des lois du Parlement, M. Varadkar a promis de dire aux électeurs quel type de projet de loi sur l'avortement sera proposé avant qu'un référendum soit organisé sur l'abrogation de l'interdiction constitutionnelle. Pour que le référendum se poursuive, la décision du gouvernement doit être approuvée par les deux chambres du Parlement irlandais. Les principaux partis politiques ont tous annoncé que les législateurs des deux chambres seraient libres de voter selon leur conscience plutôt qu'en fonction des partis.