Dernière mise à jour à 09h07 le 23/02
Au lendemain de manifestations d'agriculteurs dans plusieurs régions en France, le président français Emmanuel Macron a délivré, jeudi, un long discours à l'Elysée devant près d'un millier de jeunes agriculteurs.
Alors que s'ouvre samedi le Salon de l'agriculture, rendez-vous incontournable, le chef de l'Etat français a annoncé un certain nombre de mesures pour rassurer une profession inquiète, notamment des conséquences d'un accord de libre-échange UE-Mercosur en cours de négociation.
"Il n'y aura jamais de boeuf aux hormones en France", a déclaré le président français, jeudi, à l'issue de la "réception de la nouvelle génération agricole" organisée en présence d'un millier d'agriculteurs de moins de 35 ans et installés en 2017.
"Qui peut me dire les yeux dans les yeux que le Mercosur est la source de son problème?", a-t-il lancé pendant son long discours, dénonçant une "hypocrisie" sur ce sujet.
Un accord commercial en cours de négociation depuis de longues années entre l'UE et le Mercosur (communauté économique qui regroupe plusieurs pays d'Amérique du Sud), suscite de sérieuses inquiétudes, en particulier dans le monde agricole français et la filière bovine.
"Il n'y aura aucune réduction de nos standards de qualité, sociaux, environnementaux ou sanitaires à travers cette négociation", a affirmé le président Macron qui a assuré qu'il sera possible de "bien contrôler aux frontières la traçabilité et les normes environnementales et sociales".
Le 26 janvier dernier, après avoir reçu son homologue argentin Mauricio Macri, le président français avait déclaré partagé avec lui la même "vision stratégique" sur l'accord en cours de négociation.
Les agriculteurs ont manifesté mercredi dans plusieurs régions de l'Hexagone pour maintenir la pression sur le gouvernement alors que s'ouvre samedi le Salon de l'agriculture, rendez-vous traditionnellement incontournable pour chaque président de la République.
La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes agriculteurs (JA) ont affirmé, dans un communiqué, que "20.000 agriculteurs" se sont mobilisés "dans près de 90 départements".
"Je ne suis pas là pour plaire, je suis là pour faire", a lancé M. Macron pendant son long discours qu'il a voulu offensif. "Pour moi, les terres agricoles en France c'est un investissement stratégique dont dépend notre souveraineté. On ne peut pas laisser des puissances étrangères acheter des centaines et des centaines de terres agricoles", a-t-il dit.
Le président Macron a par ailleurs promis un grand plan d'investissement agricole de 5 milliards d'euros pour accompagner la transformation des structures d'élevage et d'abattage. "Le système actuel n'accompagne pas assez la prise de risque. Il y a un vrai problème de retard d'investissement. Je souhaite qu'on investisse dans la modernisation des structures d'élevage et l'abattage. Notamment pour répondre à l'objectif de 50% de produits bios dans les restaurations collectives", a-t-il dit.
Ce plan doit être consacré à la baisse des produits phytosanitaires, à la biosécurité des animaux et des plantes, à l'indépendance protéique de la France, à la santé et au bien-être au travail, ainsi qu'aux économies d'énergies.
Le chef de l'Etat a d'autre part annoncé un nouveau dispositif d'un milliard de prêts garantis pour les jeunes agriculteurs dans le but de baisser les garanties personnelles demandées aux jeunes lorsqu'ils demandent un prêt aux banques pour se lancer.
Il a aussi proposé "un fonds de prêts à la méthanisation à hauteur de 100 millions" avec Bpifrance, ainsi qu'un plan de réforme des règles de développement des méthaniseurs. (La méthanisation correspond à une technique pour la gestion des déchets organiques).
Le président Macron a enfin évoqué un système de préretraite pour les agriculteurs. "Pour le mois de mai nous devons imaginer des systèmes de préretraite agricole avec une sortie progressive de l'activité", a-t-il dit.
Emmanuel Macron est attendu samedi dès l'ouverture du Salon de l'agriculture. Il devrait notamment prendre la parole au sujet de la filière bio, la limitation de l'utilisation de produits phytosanitaires et la nouvelle carte des zones agricoles défavorisées.
L'ensemble du gouvernement est mobilisé pour cet événement : toute une délégation ministérielle s'y rendra. Le Premier ministre Edouard Philippe y sera notamment présent trois jours la semaine prochaine.