Dernière mise à jour à 12h46 le 20/02
L'Éthiopie a annoncé l'état d'urgence après que le Premier ministre Hailemariam Desalegn ait annoncé le 15 février son intention de démissionner en raison de la crise politique et les violences qui secouent le pays depuis près de trois ans. Le conseil de la coalition du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) au pouvoir s'est réuni le lendemain et a décidé d'imposer un état d'urgence, d'abord pour une période indéterminée, puis ensuite pour six mois, a annoncé le diffuseur d'État Ethiopian Broadcasting Corporation. Le conseil « est arrivé à la conclusion que l'imposition de l'état d'urgence serait vitale pour la sauvegarde de l'ordre constitutionnel de notre pays ».
« Il y a encore des poches dans certaines régions où la violence prévaut », a annoncé le Ministre de la défense Siraj Fegessa le 17 février à des journalistes. En vertu de l'état d'urgence, les manifestations sont désormais interdites, de même que la fabrication et la diffusion de publications « semant la discorde ». La déclaration de l'état d'urgence doit encore être validée par le Parlement, dont les 547 sièges sont monopolisés par les quatre partis composant le FDRPE, et devrait intervenir dans les deux semaines. En réponse, un chef de l'opposition avait déclaré le 16 février que la coalition au pouvoir avait perdu son autorité et que tous les partis devaient aider à planifier l'avenir du pays.
Mulatu Gemechu, secrétaire adjoint de l'opposition au Congrès fédéraliste Oromo, a ainsi affirmé que l'Éthiopie avait besoin d'un système politique complètement nouveau après des années de troubles. « Les Éthiopiens ont maintenant besoin d'un gouvernement qui respecte leurs droits, pas un gouvernement qui continue à les frapper et à les tuer », a-t-il dit. Les défenseurs des droits de l'homme ont fréquemment critiqué le gouvernement éthiopien pour les arrestations massives et les longues peines d'emprisonnement infligées aux opposants politiques et aux journalistes. Mais plus de 6 000 prisonniers politiques ont été libérés depuis janvier tandis que le gouvernement luttait pour réprimer le mécontentement.
La démission du Premier ministre a suivi une vague de grèves et de manifestations exigeant la libération de davantage de leaders de l'opposition. Les premières manifestations ont éclaté dans la province d'Oromia pour protester contre des expropriations, puis les rassemblements sur les droits fonciers se sont mués au fil des mois en manifestations contre le gouvernement, notamment après les arrestations de dirigeants de l'opposition. Une précédente mesure d'état d'urgence avait déjà été prise en octobre 2016, avant d'être levée en août dernier.