Dernière mise à jour à 13h07 le 21/03
L'ancien président français Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue le 20 mars pour être interrogé sur des allégations selon lesquelles il aurait reçu des millions d'euros de financements de campagne électorale illégaux de la part du régime du défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
M. Sarkozy, qui fut chef de l'État de 2007 à 2012, a été interrogé dans la matinée dans un commissariat de police de Nanterre, dans le nord-ouest de Paris, dans le cadre d'une enquête visant à déterminer si Kadhafi et d'autres personnes ont ou non illégalement financé sa campagne victorieuse en 2007. L'enquête est potentiellement le scandale de financement politique le plus explosif que pourrait avoir connu la France depuis des décennies. M. Sarkozy a nié à plusieurs reprises les allégations, les rejetant et les qualifiant de « grotesques ».
C'est la première fois que Nicolas Sarkozy est interrogé par la police sur ces soupçons. Une enquête française sur le financement présumé illégal de la campagne libyenne a été ouverte en 2013 ; elle n'avait désigné personne comme suspect et a porté sur des allégations de corruption, trafic d'influence, faux, abus de fonds publics et blanchiment d'argent. C'est en avril 2012 que le site d'enquête Mediapart a publié un document signé par un haut responsable libyen, affirmant que le régime avait approuvé un paiement de 50 millions d'euros pour « soutenir » la campagne électorale de Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, un proche allié et ancien ministre, prétendaient que les documents obtenus par Mediapart étaient faux. Un tribunal français a cependant ensuite déclaré que certains documents étaient authentiques, ce qui leur permettait d'être utilisés dans le cadre d'une enquête de longue durée. M. Sarkozy peut être retenu pour interrogatoire pendant 48 heures. Un autre ancien ministre et proche allié de Sarkozy, Brice Hortefeux, a également été interrogé le même jour par la police sur les allégations de la Libye, a indiqué à Reuters une source proche de l'enquête.
En janvier, un homme d'affaires français soupçonné par les enquêteurs d'avoir canalisé l'argent de Kadhafi pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy a été arrêté en Grande-Bretagne et libéré sous caution après avoir comparu devant un tribunal de Londres. Il fera face à une audience d'extradition le mois prochain. M. Sarkozy avait déjà été assigné à comparaître devant la justice au sujet d'un financement jugé douteux de sa campagne de réélection ratée en 2012, quand fut battu par François Hollande. Cette affaire, connue sous le nom d'« affaire Bygmalion », est centrée sur un prétendu système de fausse comptabilité utilisé par le bureau de Nicolas Sarkozy pour dissimuler une énorme dépense de campagne, principalement en réunions à l'américaine dans des stades, qui ont cimenté sa réputation. M. Sarkozy a nié toutes les allégations dans cette affaire.